La parenthèse désenchantée

Je reste toujours impressionné par le nombre de films américains se déroulant dans les années 70, qui sont sortis dans les années 90. Preuve que la fièvre nostalgique avait atteint les trentenaires et quarantenaires du Hollywood d'alors ?

Autant certains de ces long-métrages chantent les louanges de l'insouciance, de la libération sexuelle, ou de la disco, autant ce n'est pas du tout le cas de "The Ice Storm". Qui en offre une vision presque sinistre, à travers deux familles voisines dysfonctionnelles en 1973.

Ben (Kevin Kline) est un père de famille qui s'ennuie à mourir, et trompe son épouse névrosée (Joan Allen) avec la femme du voisin qui ne cherche aucun sentiment (Sigourney Weaver). Son fils est un étudiant lubrique peu sûr de lui (Tobey Maguire), sa fille une manipulatrice dévergondée (Christina Ricci) qui allume les deux jeunes voisins (Elijah Wood et Adam Hann-Byrd).

Vous l'aurez compris en lisant ce petit résumé, "The Ice Storm" bénéficie d'une distribution royale, qui aide beaucoup à développer ses thématiques. A savoir, des familles désemparées, auxquelles la libération sexuelle apporte plus de trouble qu'autre chose.

Ben a bon dos de sermonner sa fille quand lui-même va voir ailleurs, ou de tenter de communiquer avec son fils sur la chose quand lui-même est largué. Tandis que les nouvelles pratiques échangistes apparaissent pour ces familles pesantes, voire malaisantes. Comme une évasion pour leurs soucis qui ne ferait qu'ajouter des problèmes.

L'ambiance visuelle est automnale et froide (l'intrigue se déroule autour de Thanksgiving), rajoutant à la froideur de la communication entre les personnages.

"The Ice Storm" est ainsi un portrait acide d'une génération, aidée par son recul de plus de 20 ans.