Dans un petit village des montagnes mexicaines vit la famille de Pedro, travailleur immigré fraichement revenu des Etats-Unis après trois ans d’absence. Ce dernier va tenter progressivement de réintégrer le cocon familial pour finalement repartir comme il est venu. Pedro est un personnage au charisme imperceptible qui survole sa vie de la même manière que nous survolons le film. La pauvreté de la réalisation d’Esparza vient confirmer l’idée qui survient dès les vingt premières minutes d’un film bâclé où rien ne marche. Du casting à la composition des plans en passant par la lumière, la médiocrité est omniprésente.
La mise en scène, sensée servir un semblant de réalisme bute entre deux échelles de plan comme un vieux vinyle rayé coincé entre deux notes. La vie de notre guitariste du dimanche nous sera donc montrée soit dans des plans larges totalement nets, soit dans des plans rapprochés à faible profondeur de champ. Attention cependant à ne jamais bouger la caméra, cela pourrait donner aux images plus d'entrain et de vitalité. Ici, les couleurs et la vie chaleureuse qu’Eisenstein s’est efforcé de nous décrire dans Que Viva Mexico! ne sont plus que de lointains souvenirs remplacés par une ambiance terne et dénuée d'intérêt. Le Mexique de Pedro est triste et la totalité du film fait tout pour nous souligner et surligner la vie pas facile de ce père de famille.
Pour d’avantage appuyer la lourdeur des scènes et nous donner le sentiment d’être demeuré notre charismatique petit chômeur et son entourage prennent le temps de bien nous répéter les choses quatre fois. Ainsi, on aura compris que Teresa est dans l’incapacité de voir son enfant ou que l’ami de Pedro n’est pas en mesure de reformer un groupe de musique faute de temps.
Si la mise en scène est catastrophique, c’était sans compter sur un jeu d’acteur terrifiant. Car n’ayons pas peur des mots, les comédiens ont une expressivité à peine perceptible et véhiculent autant d’émotion qu’une huitre. A tel point qu’on se demande si les parents ont bien compris que leur enfant avait de l’eau dans les poumons et pas plutôt un petit nez qui coule. De surcroit, si ce même nouveau-né n’a qu’un intérêt purement attendrissant, on cherche encore celui du neveu de Pedro dont la seule présence suffit pour émettre plus d’interrogation que le film dans son ensemble.
Sous couvert d’une représentation du réel parfaitement inefficace, la vie de Pedro est rythmé par un montage brutal qui nous retire voilement les images sans raison apparente. Le film passe donc à côté de son sujet sans jamais donner l’espoir d’une idée concrète. N’est pas Maurice Pialat qui veut.