Pawel Pawlikowski, réalisateur polonais de 57 ans commence avec le genre du documentaire puis décide ensuite d’aborder la fiction. Pour son 5ème long-métrage , il fait preuve d’ambition avec des choix originaux et déterminés.
« Ida » filmé en 4/3 permet un cadrage d’une rare esthétique et d’une intelligence remarquable prouvant l’ingéniosité et la singularité de ce film. Ici, cadrage et histoire ne font plus qu’un : chaque plans est pensés, justifiés et parsemés d’indices.
Le réalisateur met alors en avant une esthétique nouvelle avec un travail poussé sur les couleurs. Le gris n’est plus gris, le blanc n’est plus blanc et le noir est plus profond que jamais. En plus de renforcer le contraste qu’il y a chez le personnage d’Ida, il contribue à mettre en avant l’historique et le passé des personnages.
Ces 1h22 qu’on regarde d’une certaine lenteur sont portées par le regard et la grâce d’Agata Trezebuchoxska.
Nous voilà, face à ce film, plongeant entre tendresse, détermination et soif de sacrifice. La détermination est abordée à travers tous les personnages : déterminé à mourrir, à servir, à aimer, à se sentir coupable.. déterminé à croire, mais aussi à travers les choix narratifs et techniques.
En étant confronté à la mort, on la pousse sans lui demander son avis mais avec son consentement, vers la tentation, l’obligeant ainsi à connaître ce à quoi elle n’aurait jamais dû goûter; plaisir de l’alcool, de la cigarette et de l’amour.
En tant que simples spectateurs, nous assistons à ce chemin de plus en plus radical vers ce sacrifice.
On ne peut être autre que submergé par cette détermination et l’émotion que dégage les personnages entremêlés à cette esthétique visuelle.
Ce film s’impose comme un film à avoir vu, ou du moins, à voir.