La liberté est l'héritage de tout anglais

"If.." sort en 1968 alors que différents mouvement libertaires plus où moins extrêmes s'impose à travers le monde et fascine une jeunesse bien plus déterminée dans sa rébellion. Plus de place pour la résignation donc et le film de Lindsay Anderson s'affirme comme une féroce satire en forme d'appel aux armes.

Le scénario de John Sherwin nous plonge donc dans le quotidien d'un pensionnat anglais de garçons que nous suivons sur la durée d'une année scolaire. Au départ rien ne semble distinguer cet établissement de ce qu'on attend d'y voir, entre chamailleries, bizutage, et sottises diverses. Pourtant peu à peu le malaise s'installe insidieusement par le dispositif installé par Anderson pour sonder l'organisation de l'école. Se présentant faussement comme un système appelant à l'autogestion de chacun et d'une évolution individuelle, l'école transpose dans le domaine éducatif un pur modèle militaire.

Un petit groupe d'élève plus âgé, les Whip, se charge de la surveillance des autres dont se sont déchargé les professeurs. L'ensemble des échanges reposent sur les rapports de force et de domination où les Whip abusent de leurs autorité pour régler leur compte et soumettre les plus récalcitrants au punitions les plus cruelle. Il vont pourtant trouver à qui parler avec Mick Harris, dont la première apparition masquée le rapprochant de l'anarchiste Guy Fawkes donne le ton, le plus arrogant des pensionnaire et fasciné par les figures les plus fameuses de la rébellion. La violence des punitions ira crescendo avec la virulence des revanches prises par Mick et ses amis, véritable nid de la résistance, jusqu'à l'implacable séquence finale.

Lindsay Anderson fait preuve d'une audace de tout les instants, dans la forme comme le fond. Ancien documentariste, il dépeint l'atmosphère de cet école en alternant style sur le vif voire froideur clinique avec une stylisation toujours surprenante. On bascule ainsi par instant dans une atmosphère surréaliste et psychédélique très étrange le temps de quelque scène comme l'excursion à l'extérieur où Mick drague une jeune serveuse.

De même plus tard, après une mauvaise blagues au pasteur, Mick est convoqué au bureau du recteur qui le somme de s'excuser auprès de sa victime, qui surgit alors du tiroir d'une des armoire de la pièce! Autre point étonnant, l'éveil des sens et de désirs interdits de ces jeunes gens amenés par leur promiscuité quotidienne et donc la question de l'homosexualité abordé frontalement par une relation entre un élève plus âgé et un autre au physique androgyne.

La principale cible de "If..." reste cependant les modèles de vie tout puissant symbolisés par l'armée et la religion. Les scènes de messes phagocytant l'esprit des jeunes garçons ponctuent l'ensemble du film dont une mémorable où le prêtre interprète l'ensemble de son sermon et les versets de la bible sous l'angle militaire. Ce même prêtre qui troquera sa robe pour un autre uniforme plus martial le temps d'un exercice de combat en forêt. Plus insidieusement certaines des actions les plus discutable de Mick et ses amis ne sont pas punies, comme pour récompenser, malgré la rébellion, une certaine forme d'initiative dans la nuisance.

La jolie serveuse tombe dans les bras de Mick alors qu'il l'a abordé de la manière la plus machiste qui soit et le directeur semblera presque fier d'eux lorsqu'il devra les punir pour usage des armes. Une méthode d'éducation qui se retournera contre l'établissement lors de l'extraordinaire final où les rebelles s'attaquent aux deux institutions qui n'auront su les briser dans une pure séquence de guérilla. Une conclusion coup de poing pour un film définitivement sans concession.

L'histoire ne s'arrête pas là pour autant puisque Lindsay Anderson tourna deux suite à son film culte: "O Lucky Man" (1973) et "Brittannia Hospital" (1982) où Malcolm McDowell reprend son rôle de Mick Harris pour de nouvelles aventures.
Lorelei3
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le 21 sept. 2011

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