Après avoir connu le licenciement dans la même usine et un passage en prison, cinq amis décident de tenter leur chance sur Tokyo, et leur salut viendra d'une camionnette qu'ils achètent ensemble, signe de leur indépendance et futurs succès. Mais la réalité va les rappeler à l'ordre.
Ce film de Kinji Fukasaku est le premier qu'il réalise de manière indépendante, et son échec en salles, qui peut s'expliquer, va pousser le distributeur à le ranger dans un tiroir, de sorte qu'il sera considéré comme perdu. Jusqu'à la fin des années 1990, où sa redécouverte va faite l'objet de plusieurs festivals.
L'introduction, où on voit les cinq amis être joyeux, piloter avec envie leur camionnette, et rêver quant aux projections de succès, est clairement un trompe-l’œil, car c'est clairement monté comme une comédie. Sauf qu'au final, il s'agit d'un film d'une grande noirceur où la réalité va les rattraper, entre désistement, famille, prison ou décès, jusqu'à un final quasi libérateur sur une plage où les survivants en quelque sorte ne sont pas nombreux.
Le récit est également audacieux, qu'on dirait en mille-feuille, où les scènes de flash-back alternent avec le présent, avec toujours cette envie de réussir, y compris dans le passage boxe ou prison. Mais en fin de compte, on voit à travers ce récit que Kinji Fukasaku porte un regard très amer sur la société japonaise, et sur les marginaux qui ne peuvent être que ce qu'ils ont été. C'est d'un grand pessimisme, mais à la fois très bien filmé, et porté par d'excellents acteurs.