Il Divin Codino aurait pu (dû) être un documentaire comme Netflix sait si bien en produire depuis quelques années. Le studio ne manque pas de moyens ni d'enquêteurs doués pour chercher la pépite et créer l'évènement avec trois fois rien. Dernièrement, qui aurait pensé jeter un oeil à la carrière mexicaine de Diego Maradona si Netflix n'avait pas mis les mains dans le cambouis? Personne, sauf les afficionados les plus religieusement dévoués. Qui aurait réservé son samedi soir pour s'affaler devant un programme dédié à Nicolas Anelka, Antoine Griezmann, Pelé? Netflix surfe sur les tendances, conçoit ses hommages et met en lumière les gloires passées et actuelles du ballon rond pour créer l'évènement ou plutôt, rendre séduisant un non-évènement.
Il Divin Codino est de ce pédigré-là (las). Un non-évènement total déguisé en film évènement. Roberto Baggio n'avait malheureusement pas besoin de cet outils de communication mièvre comme un sitcom de 30 ans pour faire valoir son talent ou remémorer au peuple (majoritairement italien) amoureux du foot combien son talent a marqué pas loin de deux décennies de football. Car le film est inoffensif, n'aboie jamais et occulte pratiquement tout ce qui peut être cinématographiquement intéressant. Très peu d'enjeux en vue : un tiers du film parle de ses blessures. L'ombre, le fantasme d'un but contre le Brésil en finale de coupe du monde plane sur tout le film. On sortirait presque les mouchoirs au moment où Robby annonce qu'il veut tout plaquer à 21 ans, mais le beau brun ténébreux Andrea Arcangeli n'a de Baggio que sa troublante ressemblance.
Le film se traine tout du long, incapable de distiller un minimum d'émotion puisqu'il s'obstine à enchaîner assez rapidement des passages entiers de la vie du Baggio footballeur tournant autour de ses blessures, ses défaites personnelles, sa petite gloire chez Brescia et son amère déception d'une absence à la coupe du monde au Japon / Corée du sud. Sa relation avec son père semble romancée tant elle empile les stéréotypes du genre. Une poignée d'hommes et de femmes trouveront le temps de lui rendre un ultime hommage au détour d'une station-essence, lieu ultime pour créer l'émotion, en conclusion d'un film jamais bien efficace dans tout ce qu'il propose. Ni les scènes de football, ni les quelques secondes d'images d'archives ne donneront du rythme et de l'ampleur romanesque à une histoire pourtant annoncée et contée comme telle. Et ce gros problème avec le sous-titre du film, l'art du but : la défaite de l'Italie contre le Brésil en 1970 et le fantôme de son tir au but manqué contre cette même équipe semblent pourtant dévorer le film de la première à la dernière seconde du temps réglementaire.