Il est plus facile d’enfiler des perles
Voici une critique dont j’ai longtemps reporté la rédaction, tant ce film m’avait déplu, tant il n’est pas très agréable de savoir que l’on va donner l’impression de descendre un film voire de s’acharner sur lui. Il n’est jamais trop tard, même si mes souvenirs sont flous. Je reprends donc mes notes pour vous livrer mon sentiment sur un film que j’ai abhorré, sentiment pourtant rare chez moi. Voyons pourquoi.
Le film commence par la confession d’une femme qui révèle au prêtre les raisons de son mal-être « je me sens très coupable. Je suis riche ! ». Elle ne sait pas combien elle a, mais elle doit dépenser 300 000 francs par jour. La pauvre, on la plaint… Manifestement, elle a plus besoin d’un psy que d’un prêtre. Et on comprend le titre du film, tiré de l’Evangile « il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille que pour un riche d’entrer au royaume des cieux ».
Le thème n’est pas inintéressant, que faire quand on est riche ? Je ne me sens pas concerné, et pour cause, mais beaucoup aimeraient bien pouvoir se poser ces questions. Le traitement est donc délicat : comment présenter ces questions qui se posent à certains en étant compris par ceux qui n’ont pas les moyens de se les poser, en les intégrant. Sur ce point, c’est un échec complet.
Car le film ne sort pas de la caricature. Valeria Bruni-Tedeschi joue bien la givrée un peu cruche, mais son perso est trop ridicule : « j’ai remarqué que parfois, les gens, y vont dans des cafés ». Quel intérêt de nous montrer ça ? En plus, elle n’a vraiment pas de chance, elle a des relations compliquée avec sa sœur, son mec, son ex, sa mère… Son frère est un oisif insupportable de vanité, et on ne parvient pas à s’attacher à son propre personnage, odieux avec les pauvres qui ne veulent même plus travailler le dimanche, même si on les paie. Salauds de pauvres !
Je ne comprends pas le propos du film : nous dire que l’argent ne fait pas tout ? On le savait déjà. Nous dire que la quête du bonheur est difficile ? Ok, très bien, et après ? S’agit-il de nous faire pleurer sur le triste sort des riches ? Ou au contraire de nous moquer d’eux tant la description est terrible ? Honnêtement, je n’arrive pas à trancher, mais rien ne me convient. Bref, quelques idées, mais rien de creusé, avec un message manquant de limpidité. Un film (probablement involontairement) méprisant pour ceux qui pas même la chance d’avoir la quart de la moitié du centième de la fortune du personnage principal. On nous fait pleurer sur ses problèmes, réels au demeurant, mais du coup, on omet les difficultés des autres qui ont bien davantage de raisons de ne pas parvenir au bonheur. Il n’est pas si facile d’être riche, mais essayez donc d’être pauvre, pour voir, Madame Bruni-Tedeschi… Bref, un film autocentré auquel je n’ai pas réussi à adhérer, malgré mes efforts.
Et puis, en plus des dialogues pathétiques que l’on ose imposer à des gens comme Denis Podalydes, il faut bien dire que le film est lent, très lent. Et chiant, très très chiant.
Pour vous donner envie de ne pas voir le film, je vous conseille la bande-annonce du film :
http://www.dailymotion.com/video/xpwlhv_il-est-plus-facile-pour-un-chameau-bande-annonce-vf_shortfilms#.UbGre9jvhHk