Il était temps par Gérard Rocher La Fête de l'Art

C'est un sacré cadeau d'étrennes que le père de Tim va lui révéler, un secret bien gardé d'un goût étrange et tenant du miracle. Les hommes de la famille ont le privilège en s'isolant et en se concentrant de remonter le temps à leur guise, par contre ils ne peuvent pas changer la chronologie de l'événement vécu. Toutefois ils possèdent le pouvoir de revivre ce moment à l'instant qu'ils jugent le plus favorable pour eux, ce qui n'est déjà pas si mal. Tim quitte ses Cornouailles natales pour ouvrir un bureau d'avocats à Londres. Il profite de son arrivée dans la capitale pour s'éprendre de la charmante Mary mais rien ne se déroule simplement. Heureusement le jeune homme va pouvoir profiter de son lourd secret afin de conquérir sa belle...


Le papa est bien sympa mais voici un secret bien lourd à gérer pour Tim qui en hérite à sa majorité, à vingt et un ans. Bien entendu lorsqu'il s'est mis dans la tête que son élue sera Mary et personne d'autre, tout se passe mal, le voyage temporel se multiplie afin de parvenir à l'instant idéal de conquête. La vie s'écoule ainsi dans ce climat artificiel qui bien sûr n'est pas pour déplaire à ce jeune avocat qui a pris de l'assurance et devient chef de famille. Néanmoins à chaque petit pépin les vraies réalités de la vie sont systématiquement écartées et l'on redoute le pire pour Tim si un beau jour ce pouvoir arrivait à disparaître. Mais il est accroc à son jeu qui influe également sur l'équilibre de la famille. Ce petit jeu a ses limites car il n'évite malheureusement pas pour autant les sentiments agréables ou désagréables plus ou moins bien fondés envers certains membres de son entourage. Les épisodes dramatiques de l'existence sont toujours présents et Tim est bien placé pour constater que ces "voyages" n'ont que le pouvoir de "rejouer" des situations permettant de délivrer parfois un moment de tendresse ou un bref moment de confidence qui soulage les cœurs et les consciences.


Cette comédie qui se dit romantique est très attachante. Le réalisateur Richard Curtis, qui n'en est pas à son coup d'essai, ne nous concocte pas seulement une histoire originale par ce concept temporel mais il réussit également, et de brillante manière, à décrire les rapports humains dans un cadre qui se voudrait idéaliste. Tim rejoue les scènes imparfaites telle une répétition théâtrale au cours de laquelle il est le metteur en scène insatisfait du déroulement. Mais là, ce petit jeu influe sur son comportement vis à vis des autres acteurs qui eux, restent dans leur rôle avec leurs qualités, leurs défauts et leurs maladresses. Tout cela est donc fort bien analysé par Richard Curtis qui nous offre en plus un très émouvant final. Il a su s'entourer d'excellents comédiens avec Domhnall Gleeson dans le rôle de Tim très naturel, surpris par ce lourd secret puis friand des facilités qu'il peut procurer. La belle et talentueuse Rachel McAdams séduit par le charme qu'elle dégage mais il faut noter la performance de Bill Nighy, un père profondément humain et émouvant.


Personnellement, j'ai passé un excellent moment de cinéma mais il faut avouer que Richard Curtis n'est pas habitué à décevoir son public et notamment cette fois-ci. Il ne tombe jamais dans le piège de la gentille romance bien lisse, il nous gratifie d'une œuvre attachante et dotée de beaucoup de sensibilité.

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le 4 déc. 2014

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