Tourné juste après « Indiscrétion », Cukor changeait ici radicalement de registre en s’essayant au film noir, préfigurant ainsi l’un de ses chefs d’œuvre : « Hantise ». « A woman’s face » (1941) (Il était une fois en vf) met en scène une jeune femme (Joan Crawford) défigurée par un incendie dans sa jeunesse, aigrie et misanthrope, elle vit d’arnaques et de chantages divers, aidée dans sa tache par 3 escrocs, jusqu’à ce qu’elle rencontre un chirurgien qui lui promet de lui rendre sa beauté. Parallèlement, elle complote un infanticide avec l'aide d'un inquiétant bourgeois dont elle tombe amoureuse, ceci afin de toucher un héritage. Le film commence dans une atmosphère assez sombre, pour petit à petit s’illuminer, suivant ainsi le chemin de son héroïne vers la rédemption. La voie balisée du happy end est assez évidente même si l’histoire est racontée en flash back via différents protagonistes, interrogés lors d’un procès. Ce Procédé narratif classique permet de maintenir un certain suspense, Cukor dynamise le tout par de beaux moments de mise en scène, inspiré par l’ambiguïté de son personnage féminin. La scène où on lui retire ses bandages reste un grand moment, tout comme la tentative de meurtre dans un téléphérique, ou encore la spectaculaire poursuite finale en traîneau. Joan Crawford trouve là un personnage passionnant tour à tour repoussant et séduisant, Conrad Veidt est un méchant tout à fait convaincant, on lui soupçonne d’ailleurs des sympathies nazies au détour d’une réplique. Echec public à sa sortie, le film est à redécouvrir.