La petite ville de Troubtchevsk, 14 000 habitants, se trouve à plus de 400 kilomètres au sud-ouest de Moscou, non loin des frontières de la Biélorussie et de l'Ukraine. C'est là, à proximité de l'endroit où elle habite, que Larissa Sadilova a situé son 6ème long-métrage dont le titre français, Il était une fois dans l'Est, a quelque chose d'ironique tant il n'a rien d'une grande fresque épique. Cette chronique d'un amour impossible entre deux personnes mariées et voisines est une histoire simple, presque douce, à l'opposé de la grande majorité des films russes distribués en Occident, où la violence et la dureté des temps semblent la norme. Il était une fois dans l'Est nous entraîne dans la Russie rurale et profonde, faisant la part belle à des personnages secondaires incarnés par des comédiens amateurs, saisissant parfois des scènes quotidiennes prises sur le vif. L'intrigue est banale, dira-t-on ? Certes, oui, mais elle est magnifiée par la grande humanité qui se dégage de l'ensemble et l'attention et l'empathie portées par Larissa Sadilova à tous ses personnages, sans exception. Avec une grande délicatesse et un sens de l'ellipse remarquable, la cinéaste tisse avec finesse un récit en demi-teinte où les dialogues sont presque superfétatoires. C'est dans la veine du merveilleux Brève rencontre de David Lean, d'une certaine façon, ou encore, malgré son ancrage urbain, d'un autre film russe passé hélas inaperçu : Une nouvelle année d'Oksana Bychkova (2014), réalisé avec une même sensibilité que l'on pourrait qualifier de féminine si l'on n'avait pas peur des clichés réducteurs.