Leone ou Ford ? Ford ou Leone ? Sans Morricone, Ford. Mais avec Morricone, Leone.
Sur 2022, j'aurai vu une trentaine de westerns. On est bien partis pour qu'aucun n'arrive au niveau de celui-ci.
La scène d'ouverture, sur un temps étiré, lent, alternant les plans intérieurs et extérieurs, les gros plans et les paysages, posant une situation avec virtuosité, sans peur de la lenteur de la scène, est un déjà un pur régal.
Tout est style, rien n'est vain, les manteaux longs, l'idée même de l'homme à l'harmonica, qui ne parle jamais que par son harmonica, cet harmonica sortant cette mélodie qui menace, mélodie désormais universelle, les gros plans visages exploités au maximum.
Et puis quoi ?
Ce scénario péplumesque, cette façon de nous révéler doucement, par des flashbacks, les origines du mal, cette caméra qui nous amène, fluide, obsessionnelle. Cette musique, inégalée, qui épouse, devance, le scénario, qui le sublime comme jamais aucune musique à mon avis n'a sublimé un film.
Et puis quoi, encore ? Ces acteurs, qui réussissent l'exploit d'être beaux et moches à la fois. Claudia Cardinale, fantastique et sensuelle, Henry Fonda à contre-emploi, pied de nez inversé de sa carrière, Charles Bronson, mutique et charismatique...
Ce film est une date dans l'histoire du cinéma. Forme, musique, scénario, dialogues. Un film sombre et lumineux, et moins nihiliste que la trilogie du dollar du même Leone. On peut de nouveau espérer quelque chose des hommes.