De Sergio Leone, je ne connaissais que les westerns dits "spaghettis", dans lesquels il s'affranchissait des règles du genre cinématographique réputé le plus codifié (les gentils en blanc, les méchants en noir ; ne pas montrer le tireur et la victime sur le même plan, etc.). Avec Il était une fois en Amérique, Leone signe une œuvre (un chef-d’œuvre même) qui dépasse les normes du cinéma tout entier, que ce soit par sa longueur ou par les thèmes abordés et la violence montrée à l'écran. Cela valut notamment au film de se faire salement tronquer par les producteurs américains (remercions au passage le droit d'auteur français pour l'importance qu'il accorde aux réalisateurs).
Il était une fois en Amérique, c'est l'histoire de Noodles à travers 3 périodes de sa vie : l'enfance-adolescence (1922), l'âge adulte (1933) et la vieillesse (1968). Le vieux Noodles revient à NYC après un exil de 35 ans débuté peu de temps après que ses trois amis Max, Patsy et Cockeye furent abattus par la police, et ce retour fait remonter des souvenirs, de son enfance d'abord, où il vivait de petits boulots réalisés pour le caïd local, puis de son "âge d'or" durant lequel les quatre compères tenaient le speakeasy le plus en vue de la ville. il se remémore aussi son amour pour Deborah.
L'oeuvre a cela d'impressionnant que malgré sa longueur et son rythme plutôt lent, on est captivé du début à la fin. Cela est sans doute lié au montage qui mélange les trois périodes temporelles de façon non linéaire, mais surtout et en grande partie au talent de Leone, qui restitue parfaitement la naïveté des personnages enfants, leur audace de jeune adulte et la lassitude du vieux Noodles. La musique de Sergio Leone est magnifique et contribue à l'ambiance générale du film, dans lequel De Niro trouve sans doute l'un de ses plus beaux rôles. James Woods est également impressionnant, et les acteurs chargés de l'interprétation des personnages jeunes sont bluffants.
Il était une fois en Amérique a également cela d'intéressant qu'elle laisse une place importante à l'interprétation du film par le spectateur, le réalisateur montrant sans jamais totalement dévoiler. Ce parti-pris permet notamment au film d'atteindre son climax d'une façon particulièrement prenante.
Ainsi, Leone peut être fier d'avoir passé plus de 10 ans à la réalisation de ce projet, déclinant au passage l'adaptation du Parrain, puisque Il était une fois en Amérique a marqué et marque encore de son empreinte l'histoire du cinéma : pour l'anecdote, la mairie de NYC a dû limiter le nombre d'autorisations de tournage au pied du pont de Manhattan suite à plusieurs plaintes des riverains !

Créée

le 3 déc. 2014

Critique lue 417 fois

1 j'aime

VickyVikeroff

Écrit par

Critique lue 417 fois

1

D'autres avis sur Il était une fois en Amérique

Il était une fois en Amérique
Docteur_Jivago
10

Intemporel testament mélancolique

Ultime œuvre de Sergio Leone, il consacra douze années de sa vie pour ce testament, notamment pour préparer le scénario adapté du livre "The Hoods" de Harry Grey. Il nous fait suivre le destin de...

le 22 sept. 2014

228 j'aime

66

Il était une fois en Amérique
Charlotte-Bad
8

il était une fois , un monument est né ...

Techniquement parlant, « Il était une fois en Amérique » se présente comme une apothéose de virtuosité atteignant les sommets du septième art . Rapidement, Leone va bouleverser le code narratif...

le 4 mai 2012

99 j'aime

9

Il était une fois en Amérique
Black_Key
10

Brumes et Pluies

Le temps passe. Facilement, il se confond et perd sa structure. Les souvenirs, regrets et joies se mélangent et forment un dédale infini. Les époques se recoupent, se font écho. Elles s'entrelacent...

le 17 déc. 2015

90 j'aime

24

Du même critique

Qu'est-ce que la propriété ?
VickyVikeroff
7

Critique de Qu'est-ce que la propriété ? par VickyVikeroff

Un pamphlet qui apporte quelques éléments intéressants, mais qui ne permet pas de soutenir une critique de la société actuelle. Beaucoup de choses ont changé depuis le XIXe siècle, et les exemples...

le 3 févr. 2013

3 j'aime

There Will Be Blood
VickyVikeroff
9

Critique de There Will Be Blood par VickyVikeroff

Les 10 premières minutes sans le moindre dialogue, un travail méticuleux apporté à la réalisation de chaque scène, et un Daniel Day-Lewis monstrueux. Un chef-d'oeuvre.

le 11 janv. 2013

3 j'aime

Orange mécanique
VickyVikeroff
10

Critique de Orange mécanique par VickyVikeroff

Si l'œuvre de Kubrick est, pour moi, un chef d'oeuvre, Orange mécanique se démarque de tous les autres films du génie, parce qu'il est un croisement entre plusieurs genre de cinéma, parce que...

le 15 mai 2012

3 j'aime

1