Normandie, 6 juin 1944. Ce jour-là, des dizaines de milliers de soldats, en majorité américains, canadiens et britanniques, plus une poignée de Français, ont pour mission d'enfoncer le mur de l'Atlantique des nazis. Nom de code : Neptune. Première phase de l’Opération Overlord. Ce jour-là, c'est le Jour J. Autrement dit : la reconquête de l'Europe par les Alliés. Tout le monde sait ça. Mais tout le monde ne l’a pas vécu. Et la plupart de ceux qui y étaient ne sont malheureusement plus là pour le raconter. Et nous aider à nous souvenir.
Les forces américaines se lancent dans la libération du sol français. Rescapé du carnage du débarquement d’Omaha, le capitaine Miller et ses hommes se voient confier une mission singulière : retrouver le Soldat 2e classe James Francis Ryan, dont les 3 frères viennent de tomber au combat, et le faire rapatrier sain et sauf sur le territoire américain. Comme dans beaucoup d’autres films du genre, les scènes de guerre finissent par laisser place à la morale et aux questionnements métaphysiques à tendance thérapeutique. Comment en est-on arrivé là ? A travers les épreuves, hantés par le doute, la fatigue et la peur, chacun des soldats de la mission « Ryan » finiront par se demander tour à tour si la vie d’un seul homme vaut le risque encouru et les pertes subies.
Mais Spielberg fait plus fort. Si « Ryan » reste aujourd’hui dans les mémoires du 7ème art c’est bien-sûr pour son premier acte d’anthologie. Une entrée en matière cash, où le réalisateur parvient à filmer l'enfer à hauteur d'homme, à la manière des reporters de guerre de l’Agence Magnum, captant au son des mitrailleuses des bribes de cette indéfinissable horreur. Les soldats vivent un cauchemar, le spectateur vivra le même. Porté par un montage d'exception, Spielberg nous livre la plus déboussolante et probablement la plus réaliste des scènes de guerre jamais exécutée au cinéma.
Du documentaire, le film glisse doucement vers la fable, sans jamais toutefois perdre de son réalisme. La prestation de Tom Hanks, humain plutôt qu'héroïque, y est sans doute pour beaucoup. Du grand cinéma, incontestablement. D'une force incroyable sur le sacrifice pour la liberté.
Beaucoup diront de « Ryan » qu’il sent le réchauffé. Qu’en matière de films de guerre, on avait tout vu, le Viet Nam et les meilleurs réalisateurs étant passés par là avant Spielberg. Il n’en reste pas moins que si le cinéma a été inventé, c'était probablement pour qu'un jour il existe un film comme celui-ci.
« Si ta photo n'est pas assez bonne, c'est que tu n'étais pas assez près » Robert Capa.