Frères ennemis

Seul agent afro-italien de la police anti-émeute de Rome, Daniel doit participer à l'expulsion de 150 familles d’un immeuble occupé. La sienne en fait partie. Le conflit entre deux frères est la base de Il legionario (mot utilisé pour faire écho aux légions romaines), l'un servant dans un corps d'élite de la police, l'autre ayant choisi une voie opposée de résistance à l'autorité, quand elle lui semble arbitraire. Hleb Papou, cinéaste d'origine biélorusse, depuis longtemps installé en Italie, déploie son récit de manière quelque peu démonstrative et attendue et ne donne malheureusement que peu de place à ses personnages féminins, sommairement esquissés, alors qu'ils auraient pu donner davantage de subtilité quant au dilemme de ce "légionnaire" empêtré entre ce qu'il considère comme son devoir et la protection de sa famille. Le choc des frères ennemis est frontal et laisse un peu dans l'ombre ce qui est le vrai thème de Il legionario, tel qu'il est exprimé par le réalisateur dans ses interviews, à savoir l'incapacité qu'à aujourd'hui la société italienne à prendre acte du fait qu'elle est désormais multiculturelle, n'en déplaise aux xénophobes et racistes qui vivent toujours sur des schémas de pensée dépassés. Un sujet ambitieux et passionnant qui, hélas, est conduit de manière relativement insatisfaisante, en dépit d'une mise en scène plutôt inspirée.