La cinéphilie est décidément un chemin bourré de surprises. Invisible en dvd, très rarement diffusé à la télévision, il faut vraiment être au courant pour découvrir ce film d'André Cayatte, qui parle en substance d'une affaire judiciaire qui a défrayé la chronique quelques années plus tôt.
Dans une petite ville de banlieue parisienne, le duel entre deux candidats pour les élections municipales fait rage. Tous les coups sont permis, dont le meurtre d'un colleur d'affiches, et une des deux personnes va faire appel à un photographe afin qu'on croit, par un montage, que la femme de son adversaire batifole dans des parties fines, ce qui est bien sûr faux. Mais le trucage est si réussi qu'il suffit à discréditer la famille du candidat bafoué, qui veut connaitre la vérité sur cette photo.


Le film est tiré à la fois du meurtre (réel) d'un colleur d'affiches lors d'une élection municipale en 1971, mais aussi de l'affaire Markovic, où la femme de Georges Pompidou était mêlée à une histoire de partie fine à cause d'une photo grossièrement truquée. Fait encore plus fou, cette dernière histoire a directement impliqué Alain Delon et sa compagne de l'époque, Mireille Darc... qui joue dans le film une des participantes de ces partouzes !
Le couple impacté est incarné par Bernard Fresson et Annie Girardot, cette dernière étant remarquable, et on voit très bien à quel point cette histoire va les toucher, entre ceux qu'ils croyaient être leurs amis, leur fils moqué à l'école, les journalistes à l'affut, et le mari va être impliqué dans un meurtre dont il n'est pas coupable. Le candidat sortant, joué par André Falcon, a pour lui une âme grise incarnée par l'excellent Michel Bouquet, qu'on voit trop peu dans le film, et qui va donner cette idée de photomontage grâce à un ami de la famille Fresson/Girardot, joué par Mathieu Carrière.
Quant à Mireille Darc, elle est en quelque sorte une Madame Claude, mais qui est clairement du côté d'Annie Girardot, car elle ne l'a jamais croisé lors de ces sauteries.


Du fait que je ne savais pas de quoi ça parlait, j'ai été captivé par ce film, qui ose parler avec peu de recul d'une histoire ayant déchainé les médias, avec une grande justesse, car là aussi, il y a des morts. Je regrette peut-être que la résolution soit un peu téléphonée, mais rien que pour l'implication des comédiens, et la puissance de cette histoire, tirée de deux faits réels, ça vaut le coup.
André Cayatte est spécialiste du genre, après le formidable Mourir d'aimer, déjà avec Annie Girardot.

Boubakar
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le 30 nov. 2020

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