Rares sont les films qui parviennent à captiver l'essence des rapports humains avec autant de finesse et d'originalité que "Il reste encore demain" de Paola Cortellesi. À travers un prisme noir et blanc qui n'est pas sans rappeler le chef-d'œuvre "The Artist", Cortellesi nous offre une œuvre à la fois intemporelle et profondément ancrée dans les réalités d'après-guerre, explorant les dynamiques complexes entre hommes et femmes dans une période de reconstruction.
D'emblée, le choix thématique de Cortellesi s'impose comme un coup de maître. La période d'après-guerre, avec ses espoirs et ses traumatismes, fournit une toile de fond riche pour explorer les relations homme-femme. La réalisation tire parti de cette époque charnière pour plonger le spectateur dans un récit qui, bien que situé dans le passé, résonne avec une étonnante modernité. Le noir et blanc n'est pas simplement un choix esthétique ; il devient un personnage à part entière, accentuant chaque émotion, chaque tension, nous transportant instantanément dans l'univers du film.
Ce qui distingue particulièrement "Il reste encore demain", c'est sans doute l'approche originale et novatrice de Cortellesi dans la mise en scène. Les scènes de violence conjugale, sujet délicat et souvent traité de manière frontale, sont ici transformées en chorégraphies. Ce choix audacieux ne minimise pas la gravité des actes, mais les transcende en une forme d'expression artistique puissante, invitant à la réflexion plutôt qu'à la simple réaction. À cela s'ajoute une bande originale rythmée et captivante qui, loin d'être un simple accompagnement, enrichit chaque scène, contribuant à l'atmosphère unique du film.
Mais "Il reste encore demain" ne serait pas le chef-d'œuvre qu'il est sans ses interprétations magistrales. Paola Cortellesi, brillante à la fois devant et derrière la caméra, livre une performance époustouflante. Elle incarne son personnage avec une telle authenticité et une telle profondeur qu'elle semble effacer la frontière entre l'actrice et son rôle. Les seconds rôles ne sont pas en reste : du grand-père à la fille et son prétendant, en passant par le soldat américain et les figures du quotidien, chaque personnage est remarquablement bien écrit et interprété, contribuant à la richesse et à la diversité du récit.
"Il reste encore demain" est un film qui défie les catégories. À la fois hommage et innovation, il s'inscrit dans une tradition cinématographique italienne de qualité tout en ouvrant de nouvelles voies. En traitant de sujets universels avec une sensibilité et une créativité hors du commun, Paola Cortellesi signe une œuvre mémorable qui, je n'en doute pas, marquera les esprits longtemps après la fin de la projection. Ce n'est pas seulement un film à voir ; c'est une expérience à vivre, un voyage émotionnel profond qui nous rappelle que, peu importe les épreuves, il reste toujours demain.