Oubliez ce que vous vend depuis quelques temps déjà comme du cinéma avec des héros sombres et réalistes. Ce n’est pas parce que le héros d’une histoire souffre, s’en prend plein la tronche et finit par s’en sortir non sans avoir pleurer seul sous la douche qu’il est sombre et réaliste. Ca reste un personnage de fiction.
Ill Manor de Ben Drew est, contrairement aux titres auxquels vous pensez, lui, un vrai long métrage sombre, réaliste et humain. Une plongée dans l’enfer des banlieues anglaises.
Première réalisation de Ben Drew, un petit jeune vu dans Harry Brown notamment, Ill Brown est un film choral sur les banlieues. Après un début un peu délicat à suivre, on va se rendre que l’on suit une série de personnages dans les bas fonds londoniens. Drogue, vol, prostitution, armes à feux, meurtres et ennuis en tout genre sont au programme et le réalisateur n’épargne jamais le spectateur. On se prend dans la face des phénomènes qui semblent criant -malheureusement- de réalisme.
On va donc suivre un trafiquant tout juste sorti de prison et qui replonge, l’un de ses anciens « disciples » devenu un caïd, une prostituée malmenée pour avoir perdu un téléphone portable et devant le restituer en nature, ou encore un jeune mineur qui veut se faire engrainer.
Le background de chaque protagoniste est dévoilé via des montages audacieux et du hip hop écrit pour l’occasion, des petits clips insérés dans l’histoire pour bien comprendre d’où ils viennent et comment ils se sont retrouvés là. Et chaque acteur est criant de naturel.
Dur, noir, le film ne laisse rien passer et on se surprend à découvrir les scènes et les situations les plus difficiles en se disant que tout cela lorgne plus vers le documentaire que vers la fonction. Certaines scènes sont vraiment dures et à chaque fois qu’on croit que la situation va s’améliorer, elle s’enfonce d’avantage.
Au fur et à mesure de l’avancée de ses différentes histoires, on découvrira qu’elles se déroulent toutes dans une même banlieue, dans un même bar et que tout le monde passe son temps à se croiser. Mais on constatera aussi, et surtout, que rien n’est fait pour ces jeunes en perdition : les flics font à peine leur job pour coffrer les voyous et aucun personnage n’a d’aide extérieur. Un des héros dit dans le film que c’est ça, « l’Angleterre de David Cameron » [le Premier Ministre actuel]. Et même si on se doute que le message de Ben Drew est probablement plus sombre que la réalité, on frémit à l’idée de savoir que tout cela peut réellement se passer en banlieue de Londres.
Sacrément gaulé, le film ne souffre que de sa longueur. A court de personnages au bout d’une heure, Ben Drew tente de les faire rebondir mais la mayonnaise prend moins. Le départ était une succession de petites scènes voulant dénoncer un état de fait, l’arrivée est trop écrite. Le réalisateur également scénariste cherche trop rassembler les pièces de son puzzle et finit à la limite de se prendre les pieds dans le tapis. Une petite fausse note qui ne viendra pas forcément perturber le reste de ce film important. On a désormais hâte de voir ce que nous réserve Ben Drew pour la suite de sa carrière.
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