Si l’on doit rater sa vie, autant la rater à Paris.
Être Chateaubriand sinon rien, loin d’un microcosme provincial sans issue, maussade, maniéré, revanchard et besogneux, plagiant dans l’ennui et l’immobilisme les préceptes d’une capitale lointaine que l’on ne désespère jamais de conquérir un jour.
Pour cela, il faut être jeune, beau, ambitieux, sûr de soi sans en percevoir la véritable substance
Avoir un nom passe partout quitte à se l’inventer.
Lucien de Rubempré sonne mieux que Chardon.
Apprendre vite sur un site ou tout peut s’effondrer d’un instant à l’autre.
Gommer ses maladresses et son naturel n’ayant aucune place dans des salons thématiques sans garde-fou ou la moindre erreur de comportement conduit celui qui l’a commise à l’oubli ou au suicide.
Devenir comme ceux à qui l’on désire plaire, toisant, indifférent, mesquin, moqueur, calculateur, charmeur et ironique.
Tricher, mentir, simuler et surtout entretenir sa mauvaise foi dans un contexte ne possédant aucune authenticité autre que le pouvoir, l’intérêt et la méfiance.
Savoir s'imposer en frappant là où cela fait mal à l’aide d’un bon mot toujours de circonstance, incontournable si l’on désire survivre dans un monde sans pitié ne fonctionnant que par l’apparat, la convoitise, la jalousie, le dédain, le scandale et l’assistanat.
Se méfier d’une amitié fragile toujours dans le sens du vent et du bienveillant sans foi ni loi toujours prêt à trahir.
Être le reflet de ceux à qui on désire ressembler en dépensant sans compter un argent de plus en plus rare, dans les fêtes les plus folles, désagrégeant les fondations d’un art auquel on croit de moins en moins laissant échapper le peu de lucidité qui lui reste dans la volupté, l’alcool et le tabac.
Le tout ne faisant que formater la chronique d’une mort annoncée ou l'on finit comme tant d'autres terrassé par le processus que l'on désirait maitriser.
Avec comme épilogue l'échec, la misère, l'abandon et la solitude en ayant l'impression d'avoir vécu de belles espérances se transformant en pire cauchemar.