Le cinéma asiatique excelle souvent dans la peinture minimaliste de portraits fragiles, mais Ilo Ilo de Anthony Chen peine à donner de la profondeur à son sujet, malgré une interprétation solide.
Le film brille principalement grâce à Koh Jia Ler, remarquable dans son rôle d'enfant à la fois cruel et tendre, oscillant entre tyrannie et fragilité. Il incarne parfaitement la complexité des sentiments qu’un enfant peut éprouver face à une cellule familiale en crise. De son côté, Yeo Yann Yann livre une prestation marquante en mère autoritaire, rendant son personnage immédiatement antipathique sans jamais en faire trop. L'ensemble du casting répond présent.
Mais au-delà de ces performances, le film échoue à donner de l'ampleur à son propos. La crise financière, censée être un élément central du récit, est trop implicite, ne semblant que trop peu impacter la narration. De même, les difficultés économiques du couple sont esquissées sans véritablement peser sur leur dynamique, et les problématiques des travailleurs immigrés philippins, pourtant essentielles, manquent de mise en valeur. Le tout est filmé avec une mise en scène trop neutre, qui peine à imprimer une réelle identité visuelle ou rythmique au récit.
Même les moments qui devraient être des tournants, comme la scène du suicide, manquent d'impact. Son exécution trop discrète prive le film d’une tension dramatique pourtant nécessaire, et l'événement ne semble pas avoir de réelles conséquences sur l’histoire.
En fin de compte, Ilo Ilo laisse une impression d’inachevé. Malgré la justesse des acteurs, il manque de force et d’engagement dans sa mise en scène, empêchant toute immersion émotionnelle durable.