Ils n'ont que vingt ans par Teklow13
Delmer Daves n’était pas seulement un excellent metteur en scène de westerns et de films noirs, il démontre avec ce A Summer Place qu’il était également très doué dans le mélodrame. Il ne se consacrera d’ailleurs qu’à ce genre-là durant la dernière partie de sa carrière.
Œuvre moins connue que ses westerns, A Summer Place, avant tout connu pour son thème musical composé par Percy Faith, est un mélodrame particulièrement étonnant pour l’époque. Etonnant de part son caractère subversif et démantelant l’esprit de conservatisme américain. Etonnant pour ses élans de passions amoureuses qui dissimulent surtout des désirs sexuels. Désirs qui ne seront jamais clairement affichés dans le plan, mais qui transpirent tellement à travers les pores du cadre qu’il est difficile de ne pas les ressentir.
A Summer Place c’est un lieu, Pine Island, où un couple et leur fille adolescente se rendent en vacances et retrouvent un autre couple et leur fils adolescent.
Il se trouve qu’autrefois le mari du première couple a vécu une histoire d’amour fougueuse avec la femme du second. Les retrouvailles vont à la fois relancer cette histoire d’amour et en engendrer une nouvelle, entre la fille et le fils.
Il s’agit donc d’une double passion amoureuse qui va se jouer dans un climat oppressant, délétère, vénéneux et souvent cruel. Entre une mégère frustrée sexuellement par un mari qui ne s’est jamais intéressé à elle et jalouse de sa fille. C’est un personnage proprement abominable, qui, grâce à la mise en scène de Daves (qui est toujours proche de ses personnages) n’en reste pas moins humain.
Un mari, celui de l’autre couple, lui aussi délaissé par sa femme et plongeant dans l’alcool.
Et puis au milieu de tout ça, Daves sans jamais y toucher, laisse malgré tout planer sur ses personnages, l’iodée d’un inceste, dans la relation entre la jeune fille et le jeune homme, et qui donne au film une tonalité assez dérangeante et malsaine.
Outre cette donnée, le film est surtout passionnant dans sa double approche de la passion à deux âges. L’une engendrée par le temps et dans la maturation d’un sentiment tenace et grandissant. L’autre se jouant à fleur de peau, évanescente et fougueuse, mais pas moins forte.
Les deux allant dans une même direction et à contre courant des normes de société préétablies.
C’est du mélodrame presque lynchéen, très moderne pour l’époque.