Avec « Ils se marièrent… » , Yvan Attal met en scène pour la seconde fois sa femme Charlotte Gainsbourg après « Ma femme est une actrice ».
En contant les errements sentimentaux de trois potes à l’approche de la quarantaine, le réalisateur a clairement lorgné du côté du « Vincent, François, Paul et les autres » de Claude Sautet, mais n’a pas beaucoup mieux réussi que Guillaume Canet quelques années plus tard avec ses « Petits mouchoirs ».
On a pu reprocher à Sautet de décrire une France pompidolienne mais il semble encore plus difficile de s’identifier à celle d’Attal, mi-bobo (les beaux appartements parisiens), mi-beauf ( les bagnoles, les gonzesses et le foot….). Ses personnages sont souvent à la limite du caricatural, du pote célibataire et improbable collectionneur de « coups » au couple Alain Chabat- Emmanuelle Seigner dont les scènes de ménage sont surjouées.
Le propos est intéressant et universel, avec ses questionnements sur la pérennité du couple au travers du temps et des épreuves ( la paternité, le quotidien, les tentations,…). Attal nous délivre une fin désenchantée, voire cynique en donnant le mauvais rôle à ceux qui semblaient les plus équilibrés et les plus amoureux. Sa vision de l’amour éternel est amère, et les illusions perdues d’avance, à l’image du vieux couple Claude Berri-Anouk Aimée (filmé à travers les vitres d’un café-restaurant) qui ne s’échange plus un mot.
Le réel intérêt du film et son personnage principal se trouvent en la personne de Charlotte Gainsbourg, pleine de grâce et filmée amoureusement par son mari ( belle séquence de fantasmagorie personnifiée par Johnny Depp dans son propre rôle au Virgin Megastore des Champs Elysées…)
Mais Attal hésite trop souvent entre vaudeville et drama et s’égare parfois en cours de route (partant sur une belle idée et rythmée par la musique de « Butch Cassidy et le Kid », la scène de bataille « alimentaire », sensée symboliser la complicité unique de ce couple devient vite insupportable.)