"Même les nazis avaient peur d'elle..." Faite la queue, les gars !

Les nazis, ce sont toujours les méchants dans un film. Qu’on passe d’Indiana Jones à Inglorious Basterds, ils sont toujours traités avec un certain mépris par nos héros, et toujours mis en scène au premier degré. Cependant, avec l’apparition de projets comme OSS 117, on commence à se dérider sur le sujet. Mais certains amoureux du mauvais goût n’ont pas attendu les années 2000 pour surfer sur la réputation de la croix gammée. Ainsi, en 1975 , sort Ilsa, la louve des SS, immédiatement censurée pour son mauvais goût ambiant. Car se servant du prétexte scandaleux des camps d’expérimentation nazis pour se livrer à toute une galerie des horreurs parsemée de scènes érotiques filmées uniquement à des fins de voyeurisme. Car tout est affaire de mauvais goût, même si malgré ce dernier… Non, en fait, il n’y a pas vraiment à chercher de sérieux dans l’histoire, il faut uniquement voir ça comme un film transgressif.


Et hop, on nous embarque dans un festival de voyeurisme malsain et ultra-complaisant, qui nous fera atteindre des cimes du transgressif, ou tout simplement du mauvais goût avec un petit parfum d'érotisme bon marché. Le film s’ouvre sur une scène érotique qui réussit pleinement son rôle immersif, montrant Ilsa prendre comme une bête un des prisonniers du camp, avant de se livrer à quelques caresses concluantes sous la douche. Puis elle revêt son uniforme SS tendance Gestapo (le cuir, c’est plus fétichiste) et mande ses gardes pour infliger à l’inconscient le sort quotidien des hommes qui ont (in)satisfait la louve. Malgré les complaintes outrancièrement appuyées de ce dernier, elle le fait allonger sur la table avant de lui faire retirer ses parties, dans un beuglement animal étonnement réaliste. Puis le type rend l’âme, et Ilsa peut retourner à ses affaires quotidiennes, à savoir la torture d’innocentes femmes. Inutile de tout passer en revue, ce film est un véritable catalogue de mauvais traitements, d’un degré de complaisance rarement atteint pour l'époque qui cherche à délivrer un quotas de souffrance maximal, bien que le jeu outrancier des acteurs annihile toute tentative de dramatisation. A vrai dire, on finit par parier sur la prochaine torture, en riant jaune devant les nazis dialoguant entre eux, raides comme si ils étaient vissés sur des manches à balais. Qu’on me pardonne mon manque de recul, mais je pense qu’il est difficile de parler sérieusement d’un tel film, qui vulgarise tellement la souffrance qu’il parvient à faire exactement l’inverse d’un Philosophy Of A Knife : on attend le trépas des victimes avec amusement tant la violence semble artificielle.


On ne nous épargne donc rien du quotidien des nouveaux sujets d’expériences : tonte pubienne, pathétiques scènes de dialogues sensées donner du courage, torture appuyée des zones érogènes, godemiché électrocutant… Un pur condensé d’idées tordues qui combleront largement nos attentes perverses venant d’une nazie pour le moins inventive, et dominatrice au dernier degré (on finirait par mimer à la bouche le claquement d’un fouet à chacun de ses ordres). Mais tout cela, c’était sans compter sur la love story. L’arrivée d’un prisonnier robuste, évidemment Américain, va faire pencher la balance. Ilsa s’en trouve toute émoustillée lorsqu’il descend du camion d’arrivage (changeant probablement de sous vêtements toutes les heures), et s’offrira à lui avec une complète dévotion. Et c’est parti, la louve est dominée, et notre étalon a le champ libre pour préparer impunément sa tentative d’évasion. Les dialogues deviennent alors d’une subtilité notable ( « Fais de moi ce que tu veux ! » « Je veux que tu te déshabilles… Sensuellement… »), pendant que le spectateur plonge littéralement entre les mamelles surdimensionnées d’Ilsa, qui les exhibe complaisamment, visiblement à l’aise avec son ersatz de Kirk Douglas. Au final sensé être jubilatoire (une tuerie qui détruit le camp), l’histoire se conclut à nouveau sous le signe du mauvais goût le plus vil, et le spectateur se retrouve alors face au générique de fin, soit anéanti par ce spectacle affligeant, soit transcendé par ce mauvais goût revendiqué. Tellement irrespectueux qu’il en deviendrait culte pour son usage clairement abusif de l'uniforme, et fatalement sympathique pour sa générosité notable dans le domaine de l'exploitation.

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le 1 juin 2015

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Voracinéphile

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