Un bel exemple de film qui à la base ne m’intéressais pas des masses mais qui au final arrive à me convaincre avec son lot de qualités, car aux vues des bandes annonces et divers teasers "The Imitation Game" se voulait être un biopic britannique calibré pour les récompenses, ce qu’il est, personnellement je suis assez réticent vis à vis de cette approche mais je laisse souvent sa chance au produit, et pour le coup je dois avouer ma satisfaction.
Ce film raconte le parcours d'Alan Turing, un mathématicien de génie qui se voit proposer d’aider les alliés durant la Seconde Guerre Mondiale à décrypter les codes de la fameuse machine Enigma dont se servent les allemands pour leurs communications stratégiques secrètes, aidé d’un petit groupe d’autres décodeurs dans un projet financé par Churchill il va se lancer dans une véritable course contre la montre pour mettre fin aux avancées des troupes nazis. À coté de cela il garde un lourd secret concernant son homosexualité qui à l’époque est considérée comme légalement répréhensible, le long métrage aborde les passages douloureux de son enfance, des poursuites judiciaires dans les années 50 à son encontre jusqu’à la fin tragique de sa vie.
"The Imitation Game" est donc on ne peut plus classique, de la réalisation à la mise en scène, Morten Tydum signe là son quatrième film en 15 ans mais a le mérite de proposer une histoire tout à fait touchante et passionnante, d’ailleurs restée éludée des livres d’histoire pendant un bon nombre d’années, le but étant de la mettre en lumière avec simplicité et en étant le plus informatif possible, c’est toujours instructif d’apprendre que c’est à partir d’un seul esprit audacieux qu’une guerre pu être raccourcie d'environ deux ans et ainsi évitant des millions de morts. Cependant le parcours de Turing n’a pas été aussi simple et dû faire face aux doutes et réticences de son propre camp, et sa froide réserve n’allait pas l’aider, ça n’est qu’au moment de sa rencontre avec Joan Clarke que tout allait se décanter. Benedict Cumberbatch interprète brillamment ce personnage complexe, l’acteur britannique trouve ici un rôle à sa mesure laissant transparaitre ses émotions avec beaucoup de sincérité, sa prestation est saisissante et permet d’apporter au film un réel standing, le reste du casting est au niveau sans forcément lui faire de l’ombre, dont Keira Knightley, Matthew Goode ou encore Charles Dance.
Le scénario se dévoile via une construction plus ou moins non linéaire, ce qui permet de rendre une certaine cohérence à la sensibilité du personnage de Turing tout en mettant en évidence son entreprise, l’homme machine devient au fil du récit l’homme blessé, gardant sa part de mystère, ce qui fait que le film arrive à nous toucher en nous passionnant en même temps, il n’est d’ailleurs jamais atteint par une quelconque faiblesse de rythme, et ça c’est plaisant, et le sujet qui me semblait en faire des caisses avec les chiffres (je déteste les maths) m’a rassuré car il ne s’y attarde pas tant que ça au final, préférant seulement dérouler un décryptage progressif ( //SPOIL// qui en plus sera résolu sur un coup du destin assez incroyable //FIN SPOIL//).
Par contre si il y a vraiment une chose que je n’ai pas aimé c’est la bande originale, j’ai absolument rien contre Alexandre Despalt mais les thèmes musicaux sonnent un peu trop académiques, le genre à vouloir en plus instrumentaliser nos émotions et dieu sait que j’en ai horreur, ça ne gâche pas forcément le plaisir mais ça a tendance à en minimiser la puissance et la sincérité.
"The Imitation Game" est donc un biopic réussi qui m’aura vraiment surpris de par son histoire tout à fait intéressante et instructive, le tout servi par une réalisation d’un classicisme assumé et d’un casting très convainquant, il ne parle pas seulement d’un génie des nombres et de l’informatique qui aura permit aux alliés de grandement les aider à gagner la guerre mais aussi d’un homme sensible et honteusement persécuté qui ne sera d’ailleurs reconnu comme un héros que soixante ans après sa mort.