Eastwood et le western, quelle histoire. Figure de la révolution italienne portée par Leone, il choisira ensuite d'y revenir, avec l'Homme des hautes pleines ou Josey Walers hors la loi, en tant qu'acteur et réalisateur.
Mais c'est avec Impitoyable qu'il touche son sommet de réalisateur / acteur.
Ce film, choisit d'emprunter aux deux grandes mouvances du western : celle du Hollywood des années 50 / 60 et celle des italiens des années 60 / 70.
D'abord, plus évidemment, les italiens. Peu de gens aimables dans ce film. Eventuellement Ned / Morgan Freeman, noir ex esclave maqué avec une indienne et à la recherche d'une vie cool, pacifique et honnête, après des années tumultueuses.
Munny / Eastwood l'est encore moins. Ancien tueur sans pitié, il est vieux, veuf, et tient un tout petit lopin de terre isolé avec ses deux gamins. Il ne sait plus grimper un cheval, il tombe malade, se fait rosser par le dictateur / shériff et sa bande.
Little Bill / Gene Hackmann est évidemment le méchant désigné, et il mérite.
Quant au blanc-bec myope qui veut chercher la prime sans voir à plus de 10 mètres, il est lui aussi ridiculisé tout au long du film (excepté la conclusion, qui lui donnera l'occasion de changer de vie).
Et puis, toujours dans la lignée leonienne, la déconstruction du mythe de la conquête de l'ouest, et cette conviction qu'un système merdique finira par être remplacé par un autre système merdique. Et donc, également, cette idée qui parcourt presque toute la cinématographie du réalisateur Eastwood, que le salut vient de l'individu. Le groupe est nécessaire mais mortifère. Mais l'individu, dans sa relation à l'autre, dans le lien qu'il crée à l'autre, pourra quand même faire quelque chose de bien (s'il le veut, bien sûr).
Plus hollywoodien, peut-être, c'est cet amour des grands paysages, le côté premier degré également (les personnages ne savent pas qu'ils sont dans un film).
Et surtout, quelle que soit l'inspiration, ce film, c'est aussi du Eastwood pur. Parmi ses meilleurs.