Jean Claude Van Damme, ce nom évoque tout de suite de bons souvenirs à tous ceux qui comme moi à l'époque ne connaissaient pas le cinéma HK et voyaient dans les films de Van Damme de supers films de baston. Aujourd'hui, il n'en reste pas grand chose et à part des films comme BloodSport ou Kickboxer pris au 2nd degré. Il n'y a pas grand chose à garder dans la carrière de l'acteur belge le plus connu au monde. Mais voilà, après avoir cartonné au box office Américain, la mode des héros sauveurs du monde est passée et l'acteur sombre dans la drogue. Il se dirige alors vers l'Asie et tourne avec les plus grand d'abord John Woo pour un Hard Target sortie dans un montage complètement charcuté par les studios et pas convaincant, puis il rencontre Ringo Lam pour un énième film où l'acteur joue 2 personnages et enfin avec Tsui Hark pour les 2 nanars que sont Double Team et Knock off.
Et puis en 2001, Ringo Lam décide de retenter le coup et Van Damme décide de tenter des rôles plus profonds car il veut réorienter sa carrière pour devenir un « vrai » acteur. Le résultat est satisfaisant pour un Van Damme mais reste très moyen pour un Ringo Lam. Après avoir fait quelques autres direct to video mauvais comme Derailed ou The Order, dont il écrit d'ailleurs le scénario, ou encore la mise en projet du film The Monk avec le même Ringo Lam qui n'a finalement jamais vu le jour, les 2 hommes se retrouvent pour la troisième fois pour In Hell, un film de prison. Alors que dans Replicant, on retrouvait à la fois la touche de Van Damme avec notamment un style de combat bien particulier qui lui est propre, ainsi que l'ambiance des polars si cher à Ringo Lam, la question que l'on pourrait se poser avant la vision du film est : In Hell sera t'il une sorte de remake de Prison on Fire, film par lequel Ringo Lam a obtenu la reconnaissance public et critique à Hong Kong ou alors va t'on assister à un remake de Coups pour Coups (Death Warrant) où Van Damme jouait un flic undercover dans une prison des plus hostiles ?
Et bien, il faut dire les choses clairement, In Hell est bel et bien un film de Ringo Lam à 100 % et lorgne donc effectivement vers son Prison on fire mais on reste tout de même très loin du remake. Kyle Leblanc, un Américain voyageant beaucoup pour les besoins de son métier, se retrouve en Russie où sa femme se fait assassiner. L'assassin étant très riche, il achète le juge et s'en sort donc en totale impunité. Mais Kyle, arme au point et fou de rage, décide de rétablir la justice en exécutant lui même la sentence suprême. Il se retrouve donc en prison, en Russie, où il va véritablement vivre l'enfer. Tout comme dans Prison on fire, le personnage de Van Damme est une victime à la base à la différence que Kyle Leblanc tue de sang froid par vengeance alors que Tony Leung tuait par accident.
On se retrouve donc devant un prison like et tout ce que comporte le genre : bagarre, viol, émeute, redemption, solitude ... L'élément où l'on voit justement que c'est bien un film de Ringo Lam et non un film de Van Damme, c'est les combats. Ici pas de coup de pied sauté, pas de coup de pied tout court mais des coups de lattes tout au plus, les combats sont très durs et réalistes, entre la lutte et le combat de rue. D'ailleurs le film n'a pas de « chorégraphe » dans la définition hong-kongaise du terme, c'est à dire plus spécialisé dans les combats de style kung fu mais un chorégraphe à l'américaine en la personne de David Leitch, responsable entre autre des chorégraphies des combats bien brutaux de Fight Club dans lequel il jouait également la doublure de Brad Pitt (on le voit également dans In Hell jouant le beau frère de Kyle). C'est donc très barbare et réaliste comme ce qu'a toujours fait Ringo Lam qui, contrairement à la majorité de ce qui se fait à Hong Kong, a toujours voulu rester le plus proche de la réalité.
Kirk Wong qui a un style très proche de Ringo Lam l'avait fait avec Jackie Chan dans son Crime Story dans lequel Jackie Chan joue un flic ultra nerveux dans un polar noir et réaliste loin de ce qu'il faisait habituellement, là c'est là même chose pour Van Damme, In Hell est à Van Damme ce que Crime Story est à Jackie Chan. Car il faut le dire, Van Damme n'a jamais été aussi convaincant et parvient même à être crédible, chose difficile surtout si comme moi on a vu l'intégralité de sa filmographie, il est aujourd'hui pas toujours évident de le prendre au sérieux. Mais même le meilleur de Van Damme n'est pas encore un très grand acteur, l'avenir nous confirmera si avec l'âge il prend une certaine maturité, ou si avec In Hell l'acteur a atteint ses limites.
Le budget étant assez limité, le résultat à l'écran est plutôt agréable. Les décors de la prison ont été bien travaillés, les lumières et filtres donnent un aspect glauque au lieu et la réalisation est vraiment maîtrisée avec de très beaux plans. Les personnages sont intéressants bien que certains sont trop peu travaillé à mon goût, mais le contraire aurait nécessité une longueur de métrage accrue. Au niveau du casting on retrouve pas mal de seconds couteaux du cinéma US, habitués à ce genre de rôles ainsi que le jeune Chris Moir qui n'est pas encore tout à fait convaincant.
Les symboles et métaphores peuvent parfois paraîtrent un peu gros (le papillon, les avions survolant sans cesse la prison, la porté du bout de bois à la Jésus Christ ...) mais c'est finalement simple et efficace.
Au final, In Hell est un très bon Jean Claude Van Damme, sans hésiter le meilleur (au 1er degré bien sur) mais reste un Ringo Lam presque bon, voir bon étant donné le peu de moyen avec lequel le film a été tourné et dont la fin déçoit à moitié. Cependant, je ne voudrais tout de même pas induire qui que ce soit en erreur, le film est loin d'être un chef d'œuvre du genre ou tout court, il faut le voir sans rien en attendre c'est juste une agréable surprise. Si j'ai pu paraître un peu trop enthousiaste, c'est seulement que ça fait plaisir de voir qu'un acteur comme Van Damme puisse enfin démarrer je l'espère une nouvelle carrière et pourquoi pas avec le temps, dans quelques années, en étant bien utilisé, tourner dans des films de Tarantino ou Spielberg par exemple car aujourd'hui il n'a plus rien à envier à des acteurs comme Tom Cruise ou Keanu Reeves qui sont pourtant sur le devant de la scène.