Avoir George Clooney à l'affiche, c'est un bon signe pour qu'un film me plaise. Entre sa classe habituelle, sa façon de jouer souvent juste et juste ce qu'il faut de recul sur soi (les blagues récurrentes sur son âge dans un certain nombre de films), et le choix général de ses participations, je trouve qu'il a quelque chose de sympathique.
Avoir Vera Farmiga à l'affiche, par contre, c'est au mieux jouer avec ma curiosité. L'ayant vue moche et jouant mal dans un épisode d'une série policière, ça avait grandement mis un frein aux à-priori que je m'étais forgé sur elle après sa prestation impeccable dans les infiltrés. Mais je comptais bien sur In The Air pour dissiper tout malentendu et l'installer dans la liste des actrice que j'aime bien.
Pour le reste, j'imaginais In The Air reprenant basiquement tous les codes de la comédie romantique à l'américaine : deux personnes se rencontrent, s'attirent, se plaisent, commencent à construire un semblant d'histoire, puis font face à des difficultés insurmontables pour qu'enfin, leur amour triomphe de tout. Je voyais ça gros comme mes grosses lunettes sur mon gros nez au milieu de ma figure.
Mais bon, après tout, il faut bien des films pour les dimanches soirs d'hiver où on a pas été d'humeur de la journée. Alors on lance le DVD sans autre conviction qu'on ne sera pas déçu, pour la bonne et simple raison qu'on sait déjà ce qui va se passer.
Premier bon point, le générique est classe. Très classe, même. Graphiquement simple, mais bien mis en images, avec une musique sympa, ça part un peu mieux que prévu. Ca s'enchaine très bien avec les premières séquences, pourtant à l'opposé techniquement parlant : de plans larges aériens sur les nuages, et les paysages américains (bon, un peu façon Yann Arthus Bertrand, certes), on passe à des plans rapprochés très courts, presque chirurgicaux sur les tics et les trucs de Clooney lors de ses embarquements. Au moins, on voit tout de suite que visuellement, le boulot a été fait et est tout sauf désagréable.
Et puis vient l'histoire. Sans être perturbé, on est cependant un peu surpris de voir d'entrée que le rôle qu'incarne Clooney n'est pas du tout celui du gentil romantique qui fait tout bien pour tout le monde. Au contraire, c'est même plutôt une sacré ordure : il est un professionnel du licenciement qui ne se retourne jamais sur ce qu'il fait aux autres. Mieux, il le recherche. Il cherche à couper toute attache, tout lien humain qui pourrait l'empêcher de continuer à fuir vers l'avant. Tiens, tout d'un coup, on se rend compte que le ton est cynique, et qu'on ne s'y attendait pas.
Bon, peu importe. Il va bien rencontrer Vera Farmiga. Ils vont bien former le couple parfait. Celui qui s'entend de façon parfaitement naturelle, qui s'accorde à merveille dès la première seconde. Le boulot de Clooney n'aura donc été qu'une péripétie, on va bien avoir droit à notre comédie dans les règles.
Sauf que tout ne se passe pas comme prévu. Et c'est justement ça qui est intéressant. Alors que pas mal de signes semblaient nous indiquer qu'on était devant un film attendu et convenu, on se rend compte petit à petit que les personnages ne sont pas qu'une facette interchangeable avec n'importe quel autre personnage de film du genre.
Mieux, chacun, à sa façon aide à dessiner en filigrane le portrait d'une amérique en crise économique et sociale. Que ce soit le boulot de Clooney, révélateur d'un système habitué et même habilité à broyer les individus en les poussant presque à dire merci, que ce soit un cynisme général qui privilégie sans arrêt le bien-être individuel et immédiat à celui du collectif et du long terme, plein d'indices nous sont laissés tout au long du récit pour nous faire comprendre que la fuite en avant de Clooney est sans doute représentative d'une société qui n'a pas vraiment pour habitude de se retourner sur son passé pour mieux s'interroger sur son avenir.
Alors, oui, l'emballage reste bien une comédie romantique. Une très bonne, même. Le couple Clooney/Farmiga est même pour moi un de ceux qui a le mieux fonctionné dans le domaine depuis longtemps. L'esthétique générale est également à souligner, car elle se distingue vraiment du tout-venant hollywoodien. Mais il y a vraiment plus à voir que ça dans ce film, quelque chose qui a trait à l'ambiance, l'atmosphère générale, à l'air du temps, probablement.
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