Instant de grâce suprême suspendu au temps qui passe, la redécouverte du chef d’œuvre de Wong Kar Wai en version restaurée sur grand écran fait partie de ces moments très rares pour lesquelles l'on chérit le cinéma.
En lévitation pendant une heure et demie, le spectateur est alors comme possédé par le génie virtuose de Wong Kar Wai. Accompagné de la grâce infini de son duo d'acteurs, Maggie Cheung et Tony Leung - tous deux auteurs d'une sidérante prestation feutrée tout en élégance, silence et non-dits -, le réalisateur distille un travail d'orfèvre. Chaque plan, chaque lumière, chaque décor, chaque ligne de fuites, chaque costume sont le résultat de cette partition soignée et voulue que retranscrivent à merveille les incroyables robes fleuries de Maggie Cheung. Tout y est suggéré dans une délicatesse et une sensibilité sans nom. Le réalisateur ajoute à cela une couverture musicale lancinante qui habitera la salle pour longtemps, tout particulièrement la composition du japonais Shigeru Umebayashi.
Splendide et envoûtant, en véritable sorcier de l'image, Wong Kar Wai atteint ici une excellence rare dans l'exercice de mise en scène cinématographique et signe un chef d’œuvre d'une perfection esthétique absolue.