Wong Kar Wai est plus grand encore que dans ses précédents films, dans ce fascinant ballet de mouvements et d'ombres, portant deux acteurs iconiques aux nues de la beauté. L'émotion est pourtant toujours reine, et transforme cet exercice excessivement formel en un véritable rêve de film : les choix narratifs enrichissent constamment le scénario assez squelettique, en repoussant par exemple le couple adultérin hors champs, ce qui évite tous les clichés habituels au genre (disputes, croisements entre les deux couples, etc...), tandis que le système esthétique de Wong Kar Wai se fondant sur la dialectique vécu / rêvé, à découvert / caché, réussit à saisir les détails infimes mais cruciaux de l'existence. [Critique écrite en 2000]