Chapitre 1 - Le Film

Incendies c’est le souvenir personnel du très joli théâtre municipal à l’italienne de Vienne, dans l’Isère. C’est aussi le souvenir d’une éprouvante pièce qui dura trois heures et noya presque ma chère et tendre dans ses larmes. Incendies reste encore aujourd’hui, pour elle et moi, une des plus belles pièces que nous avons vues, une histoire d’une violence et d’une cruauté rares. L’auteur Wajdi Mouawad étale sous nos yeux trois heures de bêtise humaine et d’abject arbitraire. Inquiet est un mot faible pour caractériser mon état au début du film, même si j’étais rassuré par sa moyenne et par ma conviction de Mouawad ne laisserait pas sa pièce être trainée dans le caniveau d’impératifs de rentabilité, qui l’auraient immanquablement édulcorée.

Sans être un copié-collé, le film de Villeneuve ne perd pas de vue l’esprit et la violence de la pièce, jusqu’à une révélation finale que mon cerveau avait décidé de refouler dans mon inconscient et que Mélissa Désormeaux-Poulin rend physiquement douloureuse. L’histoire de ces jumeaux qui partent en plein Liban, à la recherche d’un père et d’un frère inconnus, est un vrai chemin de croix pour tout humaniste. Les interprètes comme la mise en scène, d’une sobriété de bon aloi, rendent tout à fait justice à cette vie de douleur qu’a été celle de Nawal. Le film est visuellement beau, mais d’une beauté qui ne détourne pas de l’essentiel, le témoignage d’une époque libanaise troublée par un contexte international et une multi-confessionnalité qui ont appuyé là où cela faisait mal. Sur ce point, le film n’oublie pas de rappeler chacun à sa chère religion…

Chapitre 2 – Le Coup De Gueule

Car ce film a réveillé l’écœuré qui sommeille en moi, celui qui vous dit de foutre la paix aux hommes avec vos religions, quelles qu’elles soient. Cessez de polluer l’esprit des humains avec vos dogmes et vos valeurs finalement intolérantes dès qu’on ne les partage pas. Laissez vos croyances dans vos esprits étriqués, arrêtez de nous faire croire que vous êtes détenteurs d’un savoir, créateurs de l’amour, la tolérance ou de la compassion qui, à vous entendre, ne seraient pas valeurs humaines mais religieuses. Cessez de nous impliquer dans la vanité de vos combats, cessez de prétendre nous convertir, quand bien même cela serait en douceur. Prétendre nous convertir c’est déjà penser à notre place.

Surtout arrêtez de tuer au nom de votre dieu (unique je le rappelle), arrêtez de massacrer, arrêtez de faire de la religion la première cause de guerre et de morts dans le monde. Afrique, Amérique, Asie, Europe et Océanie, partout vous tuez, persuadés que le paradis ne peut pas être sur terre. Prenez exemple sur le clergé régulier et allez vous réfugier dans des lieux de prière et de silence et laissez entre eux ceux qui tolèrent sans juger. Marre de vous tas d’emmerdeurs, marre de vos commandements, marre de vos appels au sang, marre que vous influenciez nos dirigeants et surtout : marre que depuis 1949, vous veniez polluer le service public chaque dimanche matin au nom de je ne sais quel droit que vous vous êtes inventé ! Marx disait : « La religion est l’opium du peuple. » C’est faux, la religion est le poison des peuples.

Chapitre 3 – Respiration

Ce coup de gueule est monté en moi tout au long d’Incendies, parce-que j’avais oublié ma révolte contre les religions en général, j’ai senti que je voulais écrire sur ce film et vous faire partager ma colère, trouver un exutoire à ce qui gronde en moi depuis toujours. Il y a ce que je vois de loin, les juifs orthodoxes avec leur rapport aux femmes et à la torah, le réseau civitas qui veut rechristianiser l’Europe et les talibans qui feraient bien de m’oublier. Il y a ce que je vois de près, une mère bigote et un père dans une secte. Ce film est un gros coin enfoncé dans le fanatisme religieux et sa bestialité, montrant que les croyances peuvent mener à la plus insoutenable des férocités. Si elle ne fait pas poindre en vous une sourde colère, cette histoire repoussera de toute les façons les limites de votre supportable.
Jambalaya
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le 2 juin 2014

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Jambalaya

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