Infection
20 Septembre 2013 - An 3 après Infection. Voilà trois ans que le virus s'est déclaré, provoquant d'abord des petits changements, légers soubresauts de publics et rumeurs diverses s'amplifiant...
Par
le 20 sept. 2013
332 j'aime
119
Au cours de l'histoire, et à travers l'art sous toutes ses formes, l'Homme a cherché à dépasser les limites du réel pour nous faire voir au-delà de ces dernières: dans le monde des rêves. L'œuvre soumise à notre étude, Inception (2010) du réalisateur britannique Christopher Nolan (né en 1970 à Westminster (Londres)) est elle aussi ancrée dans un cadre onirique. Comment le metteur en scène arrive-t-il à brouiller les frontières entre rêve et réalité dans son deuxième plus grand succès commercial ? Nous verrons dans un premier temps que pour ce faire, Nolan s'emploie à créer un film à la fois complexe et accessible. Dans un second temps, nous relèverons le message d'avertissement contre la mondialisation à outrance du réalisateur. Enfin, dans une troisième partie, nous étudierons la grande question posée par Christopher Nolan: sommes-nous réels ?
Premièrement, le metteur en scène réussit un pari ambitieux: arriver à faire voir par des millions de personnes un film pourtant très complexe. Il utilise pour cela des outils très classiques mais efficaces à commencer par le casting de haute volée (ex: Leonardo Di Caprio, Marion Cotillard, E. Page) qui sont autant d'atouts pour nous tenir accrochés. De plus, les effets visuels sont très travaillés et très impressionnants et par conséquent le spectateur a très envie de voir la suite (ex: Le passage à Paris et dans les limbes à la fin). Enfin, la musique originale de Hans Zimmer, compositeur de grande renommée (né en 1957 à Francfort-sur-le-Main (RFA)) rythme le film de manière épique (ex: Le coup de tambour après chaque réplique, métaphore du temps qui passe). Au final, en alliant ces éléments à un scénario de base relativement simple, Christopher Nolan parvient à rendre l'expérience de visionnage accessible à chacun.
Mais en regardant plus en détail, nous remarquons que le scénario mis en œuvre est en réalité très complexe et nécessite une très grande capacité de réflexion. En effet, la technologie de « rêve partagé » imaginée par le réalisateur comporte de nombreuses subtilités dont certaines sont inspirées d'autres grandes œuvres cinématographique (ex: Il est expliqué que dans un rêve nous utilisons plus notre puissance cérébrale que lorsque nous sommes éveillés ce qui est un clin d'œil à Lucy de Luc Besson (né en 1959 à Paris)). De fait Nolan fait le pari risqué d'emboîter non pas deux, ni trois mais bien quatre rêves ! (1. New-York sous la pluie, 2. L'hôtel, 3. La montagne, 4. Les limbes)
Dans cette partie nous avons vu que derrière des apparences de blockbuster, Nolan repousse les limites de ce que le grand public peut accepter. Nous verrons ensuite quel message est caché plus profondément dans le film.
Deuxièmement, il serait facile de considérer ce film comme du divertissement à l'état pur, mais ce serait sous-estimer son réalisateur, qui ne mâche jamais ses mots pour les commentaires sur les problématiques sociales dans son œuvre (ex: La pauvreté comme catalyseur du crime dans Following, L'insuffisance du système de santé Américain dans Insomnia et Memento). Il est ici évident que Nolan reprend la thèse de son film précédent (Le Prestige) dans lequel la multinationale d'Edison détruit le travail et la vie du jeune artisan Tesla. Il est difficile de s'assurer du point de vue sur l'économie de Nolan, mais il semble clairement opposé à la dictature des marchés financiers et à la suprématie des multinationales (ex: La mission des protagonistes est de détruire l'empire commercial d'un multimilliardaire pour ne pas qu'elle obtienne le monopole du marché pharmaceutique).
Il serait cependant trop simple de s'arrêter à cette première lecture et une analyse plus poussée nous révèle le message communiste du film. D'après le cours d'histoire, le communisme est un ensemble de doctrines politiques s'opposant au capitalisme et visant à l'instauration d'une société sans classes sociales, sans salariat, et la mise en place d'une totale socialisation économique et démocratique des moyens de production. Si ces revendications ne sont pas explicites dans le film, Nolan ne laisse pas moins de nombreux indices dans le message et les images du film. Déjà, l'argent est peu présent dans les motivations des personnages et est même refusé par le protagoniste Cobb (ex: Yusuf déclare que Cobb lui a promis la totalité de sa part en cas de succès de l'Inception). De plus, Nolan démontre par A+B qu'un petit nombre de personnes ne peuvent pas diriger un monde, et que si c'est le cas alors ce dernier est condamné à la ruine (ex: dans les limbes, le monde construit par Cobb et Mal tombe en lambeaux). Il faut donc instaurer un état ouvrier.
Nous avons vu ici qu'au-delà des apparences, Nolan signe un long métrage résolument engagé. Nous verrons ensuite dans quelle mesure le réalisateur parvient à remettre en question l'existence même des spectateurs.
Finalement, après avoir vu ce film, le spectateur ne peut qu'être troublé par ce qu'il vient de vivre: et si comme Mal le présumait, nous n'étions nous-mêmes que des projections d'un rêve ? La réponse donnée par Nolan est des plus mystérieuses, le doute plane en permanence (ex: La scène finale iconique de la toupie qui tourne) et malgré un dénouement qui se veut satisfaisant le malaise subsiste. Nous allons donc analyser les éléments qui permettent d'identifier un rêve et voir s'il est possible que notre monde en soit un. D'abord, les frontières d'un rêves sont constituées par un paradoxe, c'est-à-dire une construction physiquement impossible (ex: Les escaliers infinis qui servent à Arthur lorsqu'il tue un méchant puis s'exclame: « paradoxe ! »). Il ne nous est pas possible déterminer la nature de la limite de notre univers car nous n'avons pas étudié ce chapitre en physique-chimie. Ensuite, on ne se souvient jamais comment on est arrivés dans un rêve (ex: Fischer Jr. ne se souvient pas être arrivé à l'hôtel). Ici il semble que nous puissions nous trouver dans un rêve car en tant qu'humains notre mémoire est limitée et nous ne nous souvenons habituellement pas de notre naissance. Enfin, dans un rêve on se réveille quand on meurt (ex: Au début Arthur meurt dans son rêve puis se réveille). La question est très délicate car la majorité d'entre nous ne sont pas encore morts mais nous pourrions étudier la question auprès de personnes qui ont été réanimées ou qui ont été dans le coma ou qui ont perdu connaissance. Ceci n'est malheureusement pas possible dans le cadre de cette étude.
Nous avons donc vu dans cette parti que malgré les éléments de réponse que Nolan dissémine au cours du film, il est pour l'instant impossible de déterminer la nature de notre existence.
Pour conclure nous avons vu que dans Inception, Christopher Nolan parvient à concilier simplicité et complexité, au service d'un message politique puissant, tout en nous interrogeant sur notre condition métaphysique. En guise d'ouverture nous pourrions nous demander si Inception a eu des retombées sociales semblables à celles des Souffrances du jeune Werther de Goethe (né en 1749 à Francfort), c'est-à-dire si la crise existentielle provoquée par sa conclusion a mené à une hausse des taux de suicide. Ces données de sont pas disponibles à notre connaissance. Nous pourrions aussi tenter d'explorer les frontières de l'univers pour trouver des paradoxes, mais nous attendrons pour ça le prochain article sur Interstellar.
odinol r.
Créée
le 6 août 2024
Critique lue 17 fois
3 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Inception
20 Septembre 2013 - An 3 après Infection. Voilà trois ans que le virus s'est déclaré, provoquant d'abord des petits changements, légers soubresauts de publics et rumeurs diverses s'amplifiant...
Par
le 20 sept. 2013
332 j'aime
119
Bonjour, je suis Christopher Nolan. Je me permets d'interrompre l'action de mon film pour m'assurer que vous avez bien compris les risques incroyables que s'apprêtent à prendre les personn-BONJOUR,...
le 18 août 2010
254 j'aime
34
Un film qui utilise à plein les ressources fantastiques de la technologie actuelle, ce qui pour moi ne suffit pas à en faire un film fantastique, entendez qui "révolutionne le monde du cinéma",...
Par
le 28 août 2011
146 j'aime
127
Du même critique
Une connaissance m’a récemment révélé n’avoir dormi que 2h30 en deux nuits ! Si vous trouvez ça impressionnant (moi je trouve ça inquiétant, si vous avez besoin de parler vous savez où me trouver…)...
Par
le 22 mai 2024
4 j'aime
4
Bonsoir !! Avant tout je tiens à m'excuser pour la longue attente, les dernières semaines ont été riches en évènements académiques, sociaux, culturels et même profondément personnels puisque c'était...
Par
le 8 mai 2024
4 j'aime
5
wsh paname ! En gros, les Randonneurs, c'est une comédie où il n'y a aucun moment drôle. "rivax", qui a écrit la critique (pitoyable) de laquelle je compte prendre la place de critique la plus...
Par
le 19 avr. 2024
4 j'aime
4