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Incontrol
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Film DTV (direct-to-video) de Kurtis David Harder (2017)

Grâce à une sorte de Gamecube ultra technologique avec des écouteurs, quatre étudiants peuvent partager le corps d'autres personnes et prendre leur contrôle pour faire ce qu'ils veulent, sans avoir à quitter leur bureau, pourvu qu'ils aient tout de même une petite bouteille d'eau minérale à portée.


La mise en scène et les décors sont minimalistes et le concept est simple. Pas d'explications pseudo-scientifiques, on est directement mis face à la situation telle qu'elle est. Quelques questionnements sociologiques pertinents sans être novateurs (sur l'addiction, la liberté, la morale, la transparence et la vie privée) viennent donner un peu de profondeur à l'expérience, et le spectateur peut se laisser emporter et parcourir avec eux l'immense champ des possibles qui s'ouvre aux personnages... ou pas.
En effet, le montage tranquillement elliptique, la succession de scènes sans réel début ni fin, l'absence de lien de l'une à l'autre, les rapports tièdes entre les personnages et la musique sourde qui les accompagne alors qu'ils traversent des décors aseptisés dans un état plus ou moins second, sans vraiment être sûrs de savoir où ils vont, font que l'on n'est jamais totalement exalté par des expériences potentiellement grisantes ou moralement subversives, mais sans réel impact, ni sur leur psyché, ni sur la narration. Comme les personnages, le spectateur traverse un peu un rêve. Sur ce point, on pourrait parfois penser à Enemy, de Denis Villeneuve.


On peut en retirer un sentiment d'inachevé. Une exploitation décevante d'un concept excitant.


Mais on peut aussi le prendre du bon côté : le propre des rêves (ou des états seconds) est justement de nous laisser avancer vers l'inconnu tout en évoluant dans un environnement à la fois familier et étrange. Ainsi, le film repose sur des concepts déjà vus mille fois (que feraient des jeunes s'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient impunément ?) et l'on s'attend à ce qu'ils franchissent les limites du fun, de la moralité et de la légalité jusqu'à finalement en payer le prix. Or, si le réalisateur/scénariste caresse ces notions, il les contourne assez habilement, tout en y apportant, en creux, une justification dans la dernière partie. C'est ce qui est plaisant avec ce film : il ne donne pas au spectateur ce qu'il attend, détourne les codes et questionne même le rôle du protagoniste (d'une manière un peu similaire à Neon Demon de Nicolas Winding Refn).
Le décor lui-même (le film a été tourné à Calgary) participe de cette dynamique : la ville typique d'Amérique du nord, sans que l'on arrive vraiment à la reconnaître, qui pourrait être une métropole verticale mais qui revêt une apparence un peu provinciale, avec une université anonyme et vide, et ses condominiums filmés dans une lumière froide et douce à la fois.


On peut donc en sortir légèrement déçu en se disant que le film ne décolle jamais vraiment, ou agréablement surpris d'avoir vu une histoire et des personnages enfin un peu différents.

ycatlow
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le 29 avr. 2018

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ycatlow

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