Il semble décidément encore plus difficile pour le professeur Jones de prendre sa retraite que pour un fonctionnaire sous Macron. Après un premier retour sur le devant de la scène il y a quinze ans, dans un épisode qui n'avait guère séduit, l'aventurier au chapeau le plus iconique du 7ème art revient tirer une nouvelle fois sa révérence. Et, comme les temps changent, il sera désormais dirigé par James Mangold, habitué des crépuscules de héros depuis l'excellent Logan et qui remplace pour la première fois Spielberg derrière la caméra.
Une évolution qui risque d'en décevoir plus d'un et sera même l'argument principal des détracteurs de ce cinquième volet. Aussi doué soit-il, Mangold n'est pas Spielberg, et il est difficile de dissocier l'œuvre de l'artiste qui lui a donné vie. La mise en scène n'est pas en défaut ici. Le réalisateur s'en tire honorablement mais son sens du découpage, du cadrage, du montage, ne sont forcément pas les mêmes que ceux de son aîné. Et, dans une saga aussi emblématique et visuellement marquante que celle-ci, les comparaisons auront forcément lieu. Et elles seront en défaveur de Mangold, qui fait pourtant de son mieux avec ce qu'on lui donne.
Pas facile de dynamiser des scènes menées par un acteur ayant désormais dépassé les 80 ans. Surtout dans des séquences faisant appel lourdement à des effets spéciaux pas toujours au niveau. L'introduction du film, qui utilise le désormais traditionnel rajeunissement numérique, doit ainsi faire appel à un montage rapide et à des effets d'ombre marqués pour dissimuler les limites du procédé, sans jamais y parvenir.
Difficile, cependant, de demander à Harrison Ford de donner autant de sa personne qu'il y a quarante ans, lorsqu'il a mené le personnage sur le devant de la scène. Résultat, les scènes d'action traînent plus en longueur tandis que celles de dialogues entre les personnages se multiplient et s'étirent, parfois à la limite du supportable.
Cet Indiana Jones V dure tout de même près de 2h30, ce qui en fait le plus long de la saga. Son scénario se dilue dans des séquences plus ou moins intéressantes, passant sans trop prendre de risques d'une étape à un autre au cours d'un baroud d'honneur qui aurait gagné à être raccourci, et qui va parfois étirer le concept de suspension consentie d'incrédulité à son point de rupture. Jusqu'à un dernier acte qui porte en lui toutes les tares du film, entre dialogues pesants, effets spéciaux criards, logique discutable et personnages manquant de relief.
Finalement, s'il fait mieux que son prédécesseur, force est de reconnaître que la barre n'était pas bien haute pour ce Cadran de la destinée qui ne parviendra pas à faire oublier la trilogie originelle, qui en restera probablement une dans le cœur des fans du monde entier. Le temps change, les acteurs vieillissent, et espérer retrouver le souffle de l'aventure qui avait fait le succès de la saga dans les années quatre-vingt était sans doute illusoire. Resteront donc un quatrième épisode loupé et un cinquième pas forcément mauvais, mais laborieux et insipide. Quant au professeur Jones, il poursuivra son éternelle cavalcade vers le soleil couchant, galopant sur le rythme d'un thème qui restera à jamais gravé dans les cœurs des amoureux d'aventure.