Il m'aura fallu près d'un mois et deux séances pour rendre compte ici du dernier opus d'une de mes sagas préférées.
Car on pouvait légitimement avoir peur des ingérences de Disney pour cette reprise et clôture des aventures d'Indy, surtout après un quatrième opus en forme de douche froide. Peur de l'abus de fan service, d'humour méta, de CGI...
Il n'en est rien, miraculeusement, et c'est même le contraire qui se produit. Avec à la barre James Mangold, "Indy 5" dénote du paysage actuel et arrive paré des oripeaux du bel ouvrage, de l'artisanat sincère et noble, d'un classicisme onctueux qui émule Spielberg sans jamais le copier.
C'est sûrement ce qui lui joue des tours au box-office (le film est un bide), ce soin apporté, à l'ancienne, apparaissant anachronique et démodé pour les "cinéphiles" d'aujourd'hui. Les mêmes qui n'ont vu aucun film antérieur à 1980...
Pour les autres, "Indy 5" sonnera plus comme un chant du cygne, le dernier tour de piste de CE cinéma d'aventures pur et 1er degré. Un dernier tour qui à les mêmes limites que son héros, aventurier bondissant devenu explorateur mélancolique, cabossé et bien conscient que sa place est dans un musée.
Dès lors, et si le baroud d'honneur est rythmé et très plaisant, un goût amer reste en bouche. Indy est là mais ce n'est plus vraiment Indy, c'est Picsou / Harrison Ford flanqué d'une filleule roublarde mais unidimensionnelle et d'un Demi-Lune marocain. Les nazis sont de retour mais ils sont 4. Le dépaysement est absent et l'aspect surnaturel franchit la limite de suspension d'incrédulité.
Conscient de son statut d'opus terminal, "Indy 5" remplit cependant le contrat, ne vend pas son âme mais court après au sein d'un divertissement honorable, appliqué mais un peu désincarné et dont l'absence de cynisme sonne clairement la fin d'une ère.
Crépusculaire malgré lui mais ça vaut le coup d'oeil.