J'en étais presque arrivé à la conclusion qu'il était tellement difficile de trouver de quoi motiver tout le monde que j'ai dit : « Nous n'arriverons jamais à faire un autre film ! ». Mais un jour, je suis allé voir Harrison Ford et Steven Spielberg et je leur ai annoncé que j'avais une grande idée : Indiana Jones et l'Attaque des Soucoupes Volantes. Alors que les trois premiers films avaient été réalisés dans l'esprit des serials des années 1930, j'ai expliqué que celui-ci serait dans le style des films de science-fiction des années 1950.

Voici les mots de George Lucas à l’aube des années 2000, lui qui rêve de voir son aventurier Indiana Jones revenir sur grand écran. La rumeur se répand rapidement. Un quatrième épisode des aventures de Indi est en préparation. Les scénaristes se succèdent, Jeb Stuart et Stephen Caghan sont engagés avant de voir leur scripts rejetés. Le scénariste de Indiana Jones and the Last Crusade, Jeffrey Boam ou encore Tom Stoppard sont associés au projet, en vain, ce qu'ils produisent n'aboutissant à rien. Le réalisateur M. Night Shyamalan est aussi contacté, mais sa vision du film est trop différent de celle de George Lucas.

Plusieurs mythes sont ainsi proposés, de la légende chinoise du Jardin aux Pêches Immortelles, au Jardin d’Éden, à la cité engloutie de l'Atlantide, en passant par le crash d'une soucoupe volante. C’est à ce moment que George Lucas met sur la table la légende du Crâne de Cristal qui ne convainc pas grand monde à l’écriture.

Un script est finalement rédigé par Frank Darabont, déjà auteur de quelques épisodes de la série The Young Indiana Jones Chronicles. Il place l'histoire dans les années 1950 et met en scène des nazis qui, malgré la fin de la guerre et la mort d'Hitler, continuent de poursuivre Indiana Jones. La trame n’enchante pas du tout George Lucas, par contre, elle donne un regain d’intérêt inespéré au réalisateur Steven Spielberg pour les nouvelles aventures de son archéologue.

Steven Spielberg contacte alors le scénariste Jeff Nathanson, qui a déjà écrit pour lui Catch Me If You Can et The Terminal. Son histoire est validée, mais c’est David Koepp, qui a aussi collaboré avec Steven Spielberg sur Jurassic Park, The Lost World : Jurassic Park et War of the Worlds, qui signe le scénario final. Le film se déroulera donc dans les années 1950, David Koepp incluant le mythe de la zone 51, des géoglyphes de Nazca, ainsi que du temple d'Akator. Histoire et science-fiction sont donc mêlées, tout comme l’influence de ces nombreux scénaristes.

Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull sort le 18 mai 2008, en avant première en France dans le cadre du 61e Festival de Cannes.

Steven Spielberg veut un épisode semblable aux précédents, dans le même style, emprunt d'un peu de nostalgie et qui s'apparente aux vieux films d'aventure des décennies passées. Il demande précisément à son directeur de la photographie, Janusz Kaminski, qui remplace Douglas Slocombe, opérateur sur la première trilogie désormais à la retraite, de reproduire exactement la même lumière et les mêmes ambiances.

Pourtant, l'histoire marque un tournant majeur dans la saga. En effet, l’histoire est empreinte de surnaturel. Bien entendu, l'Arche d'Alliance ou le Saint Graal donnaient déjà un côté mythologique, mais ici, il s'agit d'un mythe bien plus complexe et bien plus fantastique, souvent méconnu du grand public. Les Crânes de Cristal s'inspirent d'une légende mêlant histoire et paranormal.

Pour que le film colle à l’aspect paranormal, et au genre de la science-fiction, l’utilisation des effets spéciaux fera son arriver dans la saga. De prime abord, le chef décorateur Guy Hendrix Dyas confirme les promesses du réalisateur Steven Spielberg. Afin de respecter le style des précédents films de la série, les décors ont été construits en dur. Les écrans verts, qui permettent d'ajouter des décors numériques, n'ont été utilisés qu'en cas de nécessité. Mais on est bien loin de la réalité quand on voit la scène d'introduction au cours de laquelle Indi se protège du feu nucléaire en se réfugiant dans un frigo, mais aussi, et surtout, la seconde moitié du film, long périple dans la jungle truffé d'images de synthèse visiblement bâclées.

Impossible évidemment de ne pas s'attarder sur le couloir d'action à la seconde moitié du film, où les héros fuient dans la jungle, poursuivis par les méchants russes. Véhicules lancés à toute vitesse, combats à mains nues ou à l'épée, passage serré sur une falaise, sauvetage à base de lianes, rencontre peu ragoûtante avec une armée de fourmis féroces, conclusion épique sur un tronc bien pratique : sur le papier, c'est du pur Indiana Jones, aussi drôle qu'épique, qui rappelle La dernière croisade. En réalité, c'est une marée d'images de synthèse plus ou moins laides, qui transforme ce moment de bravoure en gène, ce qui nous fait dire, qu’il y avait sûrement un bon film derrière tout ces effets spéciaux.

Le climax est à l'image de ces mauvais choix sur l’utilisation des effets spéciaux. Une longue scène, une débauche d'effets spéciaux avec d’un côté : des pierres et trésors qui s'envolent dans un tourbillon surnaturel, un antagoniste qui s'évanouit dans un éclair de lumière, une pyramide qui s'écroule, un vaisseau qui décolle et de l'autre côté : nos héros complètement laissé de côté, qui n’ont absolument rien à faire à part être spectateur de la fin de leur propre histoire.

C’est dommage parce qu’on sent la volonté de conserver le style si particulier des trois premiers opus. Le vieux logo de la Paramount, le trajet de l'avion tracé sur une carte, la salle de classe, les serpents et autres insectes, etc… En plus des quelques clins d'œil appréciés au regretté Denholm Elliott et au désormais retraité Sean Connery. Même l'Arche d'Alliance est de la partie. Un petit côté nostalgique parfaitement plaisant appuyé par le retour d'un personnage marquant, Marion Ravenwood, qui offre au film de nombreuses situations comiques, en particulier les retrouvailles avec Indiana Jones et l'annonce de sa paternité alors même que les deux anciens amants sont coincés dans des sables mouvants jusqu'à la taille. Années 1950, science-fiction, extra-terrestres, cité légendaire, peuples amérindiens. Steven Spielberg et George Lucas possèdent désormais la trame de l'histoire. Le casting est aussitôt lancé.

Harrison Ford reprend bien entendu le rôle de l'archéologue explorateur malgré son âge avancé. Il s’entraînera dur pour revenir dans un état de forme correct et pour nous camper un Indi qui n’a rien perdu de sa superbe. A ses côtés, il retrouve sa partenaire de Raiders of the Lost Ark, Marion Ravenwood interprétée par Karen Allen. L'idée d'intégrer le personnage apparaît dans le scénario de Frank Darabont et c’est un plaisir de la revoir à l’écran après tant d’année.

Alors que Indiana Jones and the Last Crusade associait Indi à son vieux père, l'archéologue est cette fois affublé d'un jeune garçon : Mutt Williams (le nom est un hommage au composteur John Williams qui travail encore une fois sur ce film livrant une bonne composition), créé une fois de plus par Frank Darabont et interprété par Shia LaBeouf repéré dans Transformers. Imaginé un temps comme une enfant de 13 ans, le personnage devient finalement un jeune adulte dans la version de Jeff Nathanson. Très emballé à l'idée de rejoindre la distribution du film, Shia LaBeouf signa son contrat sans même lire le scénario. Il s'est soumis à un entraînement drastique au sabre et au couteau à cran d'arrêt, tout en se musclant pour gagner une petite dizaine de kilos. Malgré son entraînement et son envie de bien faire, Shia LaBeouf sait que le film passe à côté de son sujet, comm l’indique cette interview :

J'ai l'impression d'avoir gâché une saga que les gens aimaient et chérissaient. Par exemple, vous vous retrouvez à vous balancer de liane en liane comme un singe. Ok, vous pouvez en vouloir au scénariste, vous pouvez en vouloir à Steven. Mais le boulot de l'acteur est de rendre ça vivant, de le faire fonctionner et je n'ai pas pu. C'est donc de ma faute. Tout simplement. […] Steven Spielberg va sûrement m'appeler. Mais il doit entendre cela. Je l'aime. J'aime Steven. C'est un génie, c'est lui qui m'a fait. Jamais je ne lui manquerai de respect, mais quand vous avez échoué, vous avez échoué.

Et si Shia LaBeouf pense que Steven Spielberg a échoué et qu’il a lui-même échoué dans son rôle, on pense la même chose de Cate Blanchett. Pour la première fois, le grand méchant faisant face à Indiana Jones est une femme (si on omet le caractère changeant de Elsa Schneider dans le troisième opus). Cate Blanchett Irina Spalko, méchante préférée de Steven Spielberg qui possède des dons de voyance qu'elle entend bien accroître grâce aux pouvoirs des Crânes de Cristal dans le but de permettre à son pays, la Russie, de mener une guerre parapsychologique, un vieux rêve de feu Staline. Cate Blanchett est trop caricaturale, trop rigide, trop froide, ce n’est plus un méchant de serial, mais de cartoon.

Recevant un accueil mitigé, en particulier à cause des effets spéciaux et de quelques remarques sarcastiques sur la performance de Harrison Ford (ce que je ne comprend pas), le film n'entame cependant pas l'enthousiasme de Steven Spielberg qui déclare à qui veut bien l'entendre que son film va forcément mécontenter une partie des spectateurs les plus fanatiques. Lui qui continue de cracher sur son Indiana Jones and the Temple of Doom, mon préféré.

De manière général, Steven Spielberg aime ses films Indiana Jones où il peut mettre ses références à Tintin sans trop se cacher vu la filiation des deux personnages. Ici, Steven Spielberg va s'inspirer de Les aventures de Tintin, tome 22 - Vol 714 pour Sydney, surtout pour le final. Les deux œuvres partagent aussi la longue captivité du héros, le magnétisme ou une force spirituelle qui parle aux protagonistes.

Les reproches faits au film (qu'ils soient justes ou non) ne l'empêche pas d'être un succès rapportant quelques 790.000.000$ dans le monde et devenant le deuxième plus grand succès de l'année 2008.

Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull Beau marque le retour d'un des héros les plus légendaires du cinéma dans les salles obscures. Adulé ou détesté, le long-métrage possède au moins l'avantage d'avoir remis sur le devant de la scène l'aventurier et d'avoir rafraichi la franchise. Et je suis sur que derrière ces effets spéciaux numériques complètement loupés se cache ce qui aurait pu être un bon film d’aventure.

StevenBen
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le 28 juin 2023

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Steven Benard

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