Revoir la trilogie Indiana Jones dans son entièreté – le dernier n’ayant jamais existé – et à la suite fut l’occasion de constater que mon regard n’avait pas changé quant à la qualité des différents opus : le premier et le dernier sont toujours des chefs-d’œuvre du genre tandis que Le Temple Maudit pourrait s’apparenter au vilain petit canard de la série. Sans parler de désastre, celui-ci souffre de la comparaison avec son illustre prédécesseur et son imminent successeur.


Pourtant, tout démarre bien avec la séquence d'ouverture – façon James Bond – complètement folle dans le dancing qui constitue un vrai bijou de scène d'action bien amenée, rythmée et truffée d'idées. Hélas, le film bascule assez vite dans un grand n’importe quoi dès l’instant où Indi se voit accompagner de deux partenaires à l’attitude agaçante et surtout, qui peinent à égaler le charisme d’un Sean Connery ou la classe d’une Marion Ravenwood. Passe encore sur le gamin qui, malgré sa voix et ses mimiques irritantes, reste supportable dans une certaine mesure. Malheureusement, on ne peut en dire autant de la danseuse de cabaret complètement superficielle incrustée dans le duo contre sa volonté. Outre le fait qu’elle incarne l’image même de la « demoiselle en détresse » que les féministes acharnées s’évertuent à combattre par ses cris hystériques et ses plaintes perpétuelles, elle se permet en plus d’être parfaitement inutile voire encombrante pour le héros. Certes elle « s’affirme » un peu plus à la fin de l’aventure, mais cela ne suffit pas à faire oublier les longues séquences où elle déambule dans la jungle en hurlant de peur dans le vide à la vue du moindre insecte.


Ainsi tout ce beau monde se retrouve, après moult péripéties s’enchaînant sans grand soucis de cohérence, à devoir aider les habitants d’un village indien reculé tributaire d’une pierre dérobée par une secte s’apparentant à des fanatiques religieux. Faisant d’une pierre deux coups, ces derniers ont également enlevés les enfants des malheureux indigènes – détenus et exploités dans un temple bien caché. De fait, les enjeux principaux – beaucoup moins importants que d’habitude – ne dépassent pas une certaine échelle locale ; et c’est là que le bât blesse. Les autres opus de la trilogie recelaient de scènes extérieures diverses et variées tournées dans un cadre sublime et dans les quatre coins du monde qui représentaient une véritable invitation au voyage. Ici, la majeure partie du film se déroule sous terre ; dans un décor ni enthousiasmant, ni attractif et aux couleurs ternes. Néanmoins, cet environnement s’accorde à merveille avec la volonté affichée, assez ridicule et peu subtile, de rendre l’histoire plus « sombre » et moins légère ; d’où une succession de scènes lourdingues – à base de torture, de gamins qui se font fouetter et de mises à mort – se voulant glauques mais qui plombent plus le rythme qu’autre chose.


Reste que c’est un Indiana Jones. Les morceaux de bravoure et les scènes jouissives inhérentes à la saga ne manquent pas – la poursuite en wagonnet suivant un rythme effréné, la séquence sur le pont suspendu dans une tension absolue – et accompagnent à merveille la partition, encore une fois de haute qualité, de John Williams. Surtout, le personnage de Indi reste égal à lui-même : touchant, charismatique et dont le sens de l’humour fait encore mouche. Rien que pour ça le film ne peut être considéré comme un total ratage mais plus comme une œuvre peinant à trouver un équilibre entre ses importantes fulgurances et ses nombreuses maladresses.

Lokles
6
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le 3 juin 2019

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