Quand on sort du premier film cela fait un choc de se retrouver face à ce personnage féminin sans profondeur... cette histoire sans grands enjeux... enfin ce film sans saveur.
Ce qui fonctionnait très bien du premier film n'est plus, il n'y a plus de montée en puissance de l'intrigue, plus de personnages ambigus, plus de moments de complicité entre les héros, mais une façade esquissant les grandes lignes d'un film d'aventure aux scènes d'actions longues et pauvres. En soit, je n'ai rien contre du changement, même si c'est pour essayer quelque chose de moins bien, mais de différent, et de substantiel. Ici malheureusement, la substance manque.


Prenons l'histoire dans son ensemble. Elle démarre lentement, avec un début sans réel lien avec l'aventure principale (contrairement au premier volet) et une chute d'avion désastreuse. La crédulité en prend un coup quand on voit trois personnes survivre à un saut en bateau gonflable, qui étrangement ne se retourne pas. La longue introduction nous amène au début de la véritable intrigue, avec un village indien mystérieux et un vieux sage dont les paroles pourraient presque annoncer une suite prometteuse. Seulement, une fois au Pankot Palace les dialogues entrecoupés de plans sur Willie en pleine lamentation (un thème récurrent du film) n'en finissent pas. Ensuite Indiana est brainwashé et le reste capturé, mais pas pour longtemps puisque c'est la (les) scène d'action qui arrive ! Alors hop hop hop pas de temps à perdre et en route pour l'aventure à coups de fouet, de poings, et de scènes interminables en wagonnets. Quelques plans plus tard les voilà sur un pont de corde, et bim les méchants ont perdu avant même qu'on puisse se rendre compte qu'il y avait un enjeu réel : ramener le caillou au village. Ah oui et les enfants reviennent... aussi. Une scène macho-avec-Indy-qui-utilise-son-fouet-pour-récupérer-une-femme plus tard et le générique démarre mettant un terme à cette difficile épreuve.


Il y a un gros problème de personnages dans ce film. La première scène nous présente un Indiana Jones imprudent, et peut-être un peu trop idiot, pour l'aventurier qu'il est, de boire un verre servi par l'ennemi. L'introduction du personnage féminin est également très parlant, puisqu'elle passera le plus clair de son temps habillée légèrement, et à se plaindre sans vraiment donner l'impression de comprendre ce qui se passe. Je ne suis pas scénariste, mais c'est peut-être problématique lorsque la seule manière de définir un personnage lors de l'écriture est par "the girl" (voir l'interview dans Empire magazine). Le personnage auquel on s'identifie le plus est finalement Short Round : il est attachant, malin, utile et drôle. Face à lui Indy est aigri, lubrique et musclé. Musclé et endurant parce que bon sang qu'est-ce qu'il s'en prend dans la tête. Et pas une commotion, en revanche l'Indien balèze en face de lui a dû se faire lobotomiser, puisqu'il suffit que son bout de tissu se prenne dans une roue pour qu'il abandonne tout espoir de revoir sa famille et accepte son sort dans un dernier cri. Face à tout cela le méchant est peu présent, apparemment fou mais très peu menaçant. Même les fidèles tombent comme des mouches et ne savent utiliser ni leur sabre, ni leur pistolet, ni leur arc, à quoi bon avoir un de chaque ?


L'histoire, comme j'ai déjà pu le montrer dans mon résumé, est décevante. Pour bien le voir, revenons sur les enjeux. Tout d'abord, le MacGuffin n'est pas bien amené, et même si selon Lucas le problème vient de la nature des Sankara Stones, qui est essentiellement inconnue, je pense qu'il vient surtout du fait que tout est trop facile. Il n'y a pas suffisamment de péripéties et de montée en tension entre la mise en service du MacGuffin et sa découverte par les personnages. Sans parler de son soi-disant pouvoir, assez anticlimactic pour remettre en question la nécessité de tous ces décès, et de tous ces périls. Et oui tuer des nazis c'est amusant, mais tuer des soldats qui sont probablement brainwashés, ça rend l'intervention des britanniques (en bleu, sérieusement ?) étrangement réaliste.
Ensuite vient l'enjeu des enfants enlevés, me faisant naître cette question n'attestant que des problèmes psychiatriques de Chattar Lal : pourquoi des enfants ? Les adultes ne te servent à rien au village, tu pourrais les exploiter, et même leur laver le cerveau. Tu leur a déjà volé leur caillou et leurs enfants, pourquoi pas leur dignité ?! Ah parce que ça rendrait l'arrivée d'Indy au village moins stéréotypée (et ta caractérisation aussi). Trop souvent dans ce film les choix scénaristiques et de mise en scène servent le spectacle au détriment d'une histoire prenante, et c'est probablement le pire défaut possible. Et quand on y pense, mettre des enfants en esclavage alors qu'il y a une armée qui n'attend que l'arrivée d'Indy pour arrêter de se tourner les pouces c'est un peu idiot.


Pour finir, et parce qu'il faut bien en parler dans un film d'aventure : les scènes d'actions sont ennuyantes. Voir les héros s'en prendre plein la face dans des combats mal chorégraphiés (ou du moins mal retranscrits) pour ensuite prendre le dessus, puis retomber dans un piège, puis frôler la mort, puis survivre, puis... Cela manque de rythme, et d'imagination. J'ai déjà évoqué le combat avec le garde musclé qui est rythmé n'importe comment et se termine dans un plan presque nanardesque, mais il ne fait qu'annoncer la lenteur de la scène des wagonnets se terminant par la poursuite du groupe par un verre d'eau, défiant ainsi toutes les lois de la physique (pas toutes, c'est une hyperbole). Bref l'action est mal dosée, mal chorégraphiée, et mal écrite.
Un point bonus pour la scène du combat de sabre, où Indiana n'a plus son pistolet, et finit par s'enfuir. C'est le moment le plus amusant du film et il est assez bien fait.


D'ailleurs je ne parlerai pas de l'humour puisque j'ai déjà employé l'expression "pour finir" dans mon paragraphe précédent, mais faut-il vraiment en parler ?


Je suis peut-être un peu dur avec ce film, et le sarcasme dont je fais preuve dans ma critique est seulement le témoignage de ma déception face à cette collaboration Spielberg-Lucas qui aurait pu donner de belles choses, mais qui est peut-être à l'origine du problème. Cela se ressent quand on lit les interviews des deux co-auteurs, ils n'étaient pas en phase, et le film non plus. C'est une erreur de timing, un accident comme cela peut arriver. Et bien que ce film m'ait déçu, je suis content que les aventures d'Indiana Jones aient pu continuer dans les salles obscures pour un nouvel épisode ! (Oui un seul.)

KataStrophique
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le 8 avr. 2021

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Kata Strophique

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