Je n’ai jamais été bercé dans mon éducation dans la Indiana mania et n’ai donc pas de vécu jubilatoire de ces films le dimanche en famille comme beaucoup ont ; je tente donc d’approcher la chose comme l’object de cinéma qu’elle est.
Ce film (comme les autres) est problématique en de nombreux points, à débuter principalement par son propos.
Il est tout d’abord profondément machiste, l’unique personnage féminin apparaissant à l’écran est un molard crasseux craché au visage de la moitié de la population de ce monde, incarnant les plus immondes clichés de la femme décérébrée, incapable, vénale et avide de sexe. Même en essayant de replacer le film dans son contexte historique, la problématique feministe avait déjà largement fait son apparition en 1984 et il ne peut bénéficier de l’excuse de son époque pour un tel niveau de mysogynie.
Le deuxième molard est quant à lui adressé à pas moins que le peuple Indien, car si vous étiez impressionné du niveau de sexisme, accrochez vous pour le racisme pro colonial que ce film vous propose.
Les Indiens sont tantôt décrit comme de pauvres mendiants faisant la manche à tout ce qu’ils trouvent, incarné tout d’abord par le vieux sorcier tout droit tiré d’un RPG qui donnera sa quête de départ à notre aventurier, et tantôt par de riches porcins se délectant de la cuisine locale à savoir des animaux vivants, une soupe aux yeux (wtf ??) et de la cervelle de singe fraîche.
Quel dommage qu’il n’existe pas de gastronomie indienne séculaire dont s’inspirer, et que l’on soit obligés d’inventer tout ces plats exotiques que mangent probablement ces gens farfelus ????????
Le film prends ensuite un plaisir degueulasse à montrer des scènes de violence sur enfants à rallonge et foncièrement pas utiles ; on a compris que les méchants exploitaient les enfants, pas la peine d’étaler ces images déplacées dans un film dont ça n’est absolument pas le propos ni le centre d’intérêt.
Dieu merci, l’armée engagée de l’empire colonial bienfaiteur arrive telle la cavalerie à la fin pour remettre ces sauvages d’indiens à leur place !
Sans s’étendre d’avantage sur le propos même s’il y a tant à dire, la qualité de l’objet cinématographique laisse elle aussi à désirer sur plusieurs points.
Un rythme bâtard, des faux raccords à ne plus savoir quoi en faire (Michel et Michel vont être contents), un décor qui hurle au carton pâte de studio tout le long du métrage, des promos sur l’achat en masse de machines à fumées etc.
Le chef op lumière devaient être dans ses années crack vu comment il éclaire ses scènes, avec des projecteurs de chantiers plein phares visibles tout du long dans des décors de grotte censés être éclairés par une allumette, des incoherences de sources lumineuses par pleines poignées et j’en passe.
Même si j’entends que la plupart soient encore profondément touchés par la puissance de l’effet madeleine de Proust de ces films, et je le respecte, j’ai en revanche plus de mal à comprendre que ce qui pousse ces mêmes gens à manquer de discernement entre qualité de cinéma et bonheur d’un souvenir d’après midi dans le cocon familial, et noter ces films comme les chefs d’œuvres de cinéma qu’ils ne sont pas.