Après un premier opus grandiose qui a imposé de nouvelles exigences au genre, notre archéologue revient dans une aventure plus mouvementée sur fond de panthéon indien et de secte adepte de sacrifices humains.
Pour cet épisode, Spielberg annonce la couleur d'entrée : son film débute par une mémorable scène d'action, alchimie maitrisée entre mandales, coups de feu et chasse au diamant. Une entame plutôt réjouissante qui a pour unique objectif narratif de coller deux comparses à notre docteur Jones. Willie, la chanteuse, qui apportera la touche de comédie dans l'épisode le plus sombre de la trilogie (je te rappelle cher lecteur qu'il n'y a PAS d'épisode quatre...). Que se soit en duo avec Harrison Ford ou seule et en décalage complet avec son environnement, le personnage de Kate Capshaw apporte un peu de fraicheur et de légèreté à une ambiance oppressante. Demi-lune, moins présent physiquement, possède une importance capitale car il est celui qui libérera Indy et le jeune maharadja de l'emprise de Shiva.
Là où les aventuriers de l'arche perdue donnait dans l'aventure sur fond de rivalité et de mysticisme, le temple maudit franchit le pas et propose une intrigue plus sombre et plus pragmatique. Indiana Jones devient le temps d'une aventure un action man qui utilise autant ses poings que ses méninges. On aurait pu craindre le pire, à vouloir préférer le spectaculaire à la cohérence, Spielberg ne va-t-il pas saborder lui-même son œuvre ? C'est mal connaitre le bonhomme qui parsème son film d'une multitude de détails qui font entrer définitivement l'archéologue au panthéon des personnages mythiques du cinéma. Malgré la direction prise, Spielberg ne ferme jamais la porte et sublime son film comme aucun autre n'aurait pu le faire.
Tout ici est virtuosité. Que se soit cette étourdissante bagarre d'introduction, cette chute en canot pneumatique, ce repas aux saveurs prophétiques ou ce final démentiel sur des rails et pourtant si aérien. Le cinéaste maitrise le hors champs à la perfection, il sait utiliser la profondeur de champ et sa zone de flou pour créer des plans jouissifs, le montage des scènes d'action tutoie l'excellence tant celles-ci sont fluides et lisibles. La scène de la poursuite en wagonnets est un exemple dans le genre et devrait être étudiée dans les écoles de cinéma et justifie à elle-seule la légitimité du film. Mais là où Spielberg fait encore plus fort c'est que sa mise en scène est toujours au service de la narration, jamais gratuite, elle ne recherche pas l'effet clinquant et se montre constamment honnête avec le spectateur.
Si, pour le temps d'une aventure, Indiana Jones revêt une tenue de justicier bagarreur plutôt que celle de l’archéologue baroudeur qu'on lui connait, c'est pour un voyage intérieur et presque en huis-clos qui demandera plus que de l'astuce et du savoir à notre universitaire. Toujours dans un soucis de divertissement honnête et généreux, Spielberg pose la seconde pierre d'un édifice qui atteindra les cieux avec sa conclusion.