Un rôle sur mesure pour une Katharine Hepburn longue tige fluide, élégante et sophistiquée, vestale immaculée un rien inhumaine, qu'une nuit de folie(s) va faire basculer de son piedestal, la transformant en une femme vulnérable, accessible à l'amour, le vrai, bien loin de son idéal de perfection à l'opposé de la vie.
Une comédie adaptée d'une pièce de Philip Barry, le ton en est d'ailleurs théâtral, qui nous fait pénétrer dans l'univers de la "upper class" américaine de Philadelphie et dans celui de Tracy Lord, belle, hautaine, intransigeante qui vient de divorcer avec fracas du fantaisiste et chaleureux Dexter, Cary Grant à l'oeil de velours, un homme qui ose boire et se conduire selon elle de façon irresponsable.
Une critique acerbe et haute en couleurs de cette bourgeoisie qui façonne les êtres les enfermant dans un carcan social, avec des dialogues étincelants et des parties de ping pong où chacun rend coup pour coup.
James Stewart incarne Mike, le "pauvre", mais aussi le journaliste trublion qui va faire fondre comme neige au soleil cette déesse de glace, laquelle se noyant dans le champagne et la douce euphorie des plaisirs va définitivement rejeter ce qui se fait, le sérieux, le correct, toutes ces valeurs que représente George Kittredge, l'homme bien sous tous les rapports avec qui Tracy se préparait à convoler de nouveau.
D'excellents seconds rôles également dans ce film qui mélange avec bonheur satire sociale et comédie sentimentale, drôle sans être loufoque et à laquelle on pardonne d'être parfois un peu trop bavarde.