Advienne que voudra
Du soleil, du calme et un mari absent... comment mieux commencer sa semaine qu'en regardant la magnifique Ilanit Ben-Yaakov voguer dans l'ennui et la plénitude de INERTIA, premier film produit du...
Par
le 12 nov. 2024
Quand Mira se réveille après un rêve étrange, son mari a disparu. Les jours qui suivent vont transformer sa vie. Impassible en apparence, anxieuse à l'intérieur, Mira traverse les soubresauts d'un quotidien chamboulé avec un flegme déconcertant.
L'inertie du titre donne à la narration un mouvement de balancier, chaque événement étant plus ou moins précédé de signes annonciateurs. C'est la mère de Mira racontant l'histoire d'une femme ayant cuisiné son mari, c'est le voisin qui dit ne servir à rien, c'est un homme amnésique... Le temps crée un glissement entre deux états proches de telle manière que Mira semble toujours plus ou moins en décalage mais à peine surprise, un peu blasée, amusée parfois.
Tourné à Haïfa, cité portuaire du nord d'Israël, le film résume la ville à quelques lieux, l'immeuble de Mira auquel on accède par une longue passerelle, la mer et le port qu'un téléphérique relie aux hauteurs de la ville, des routes, un bateau échoué devenu sanctuaire. De même que l'appartement de l'héroïne est découpé en plusieurs décors (la cuisine, la chambre, le salon), le tissu urbain est morcelé, des îlots sont créés, des itinéraires suggérés. Ainsi, fractionnant le temps et l'espace, le film construit un cheminement mental discontinu dont les repères sont brouillés.
Inertia regorge de situations dont l'absurdité tient à un détail, un sourire, une phrase, un grain de sable venant contrarier l'héroïne. Alors que les questions posées sont aussi simples qu'essentielles, le calme constant de Mira est comme pris à partie par une mise en scène venant le contredire.
Le film peut sembler cynique parce qu'il est drôle et angoissant sans effets. Le cadre précis, l'écriture fine, le montage net, la superbe musique de Zoe Polanski et l'interprétation subtile de la mystérieuse et charismatique Ilanit Ben Yaakov se conjuguent pour construire un récit qui ne dit pas tout mais donne à voir. C'est en agissant tranquillement mais de manière déterminée que Mira se transforme. Il lui suffit d'un regard ou d'un geste pour que le message passe.
Idan Haguel est un jeune cinéaste qui sait être efficace en faisant court. Parfaitement maîtrisé, créant avec peu de moyens une véritable atmosphère, Inertia intrigue, séduit et enchante. Le plaisir du cinéma est précisément là.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2017 • Film par film
Créée
le 21 déc. 2016
Critique lue 390 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Inertia
Du soleil, du calme et un mari absent... comment mieux commencer sa semaine qu'en regardant la magnifique Ilanit Ben-Yaakov voguer dans l'ennui et la plénitude de INERTIA, premier film produit du...
Par
le 12 nov. 2024
Dès le titre, on est percuté par un écho au sentiment d’engourdissement anxiogène, d’animation lente distillé par Inertia. On s’assoit et on regarde hypnotisé cette histoire qui se fait autant sur...
le 30 janv. 2017
Du même critique
La première partie est une chorégraphie muette, un ballet de croisements et de trajectoires, d'attentes, de placements. C'est brillant, habilement construit, presque abstrait. Puis les personnages se...
Par
le 7 sept. 2016
51 j'aime
7
On mesure la richesse d'un film à sa manière de vivre en nous et d'y créer des résonances. D'apparence limpide, évident et simple comme la nature qui l'abrite, L'inconnu du lac se révèle beaucoup...
Par
le 5 juin 2013
51 j'aime
16
Le malaise est là dès les premières séquences. Et ce n'est pas parce que tous les personnages sont des connards. Ça, on le savait à l'avance. Des films sur des connards, on en a vus, des moyens, des...
Par
le 14 avr. 2014
41 j'aime
21