Un film de charme. Certes, on peut l'accuser de manquer de dynamisme, d'être souvent incongru à la limite de l'intelligible, cependant, il parvient à être poétique. Il se déroule tranquillement, le rythme manque ponctuellement, mais pour ma part, tout m'y séduit. S'il est loin d'atteindre la puissance de There will be blood où même Magnolia, c'est un bel ouvrage. Contemplatif, à prendre comme tel sans attendre d'intensité émotionnelle, avec la vague tentative de vous faire partager l'état de déliquescence mentale du protagoniste. Il joue sur la confusion des intrigues, le foisonnement des personnages et j'aurais bien de la peine à déterminer s'il atteint l'objectif visé ou non. Il faut accepter d'être incertain: ce film est-il profond dans son propos ou ne fait-il que servir de la bouillie prédigérée? Joaquin Phoenix est-il le seul acteur bien employé où y'a-t-il une volonté d'effacer les autres personnages?
Quoi qu'il en soit, c'est plaisant, c'est élégant, doux, maladroit parfois mais c'est une maladresse à laquelle on peut être sensible. Les films de Paul Thomas Anderson ne me laissent jamais indifférent, ici je trouve ce que j'attendais: une ambiance, un peu de voyage dans l'époque, Joaquin Phoenix savoureux et je pardonne tout ce qui est superflu ou négligé. Quant à l'objectivité, je la laisse aux cartésiens.