J'ai attendu presque une journée avant de me décider quelle note j'allais mettre à ce film. Il n'est pas facile de déterminer ce que l'on pense de "Inherent Vice" pour je ne sais quelle raison.
Probablement parce que j'ai eu le sentiment d'être devant un film que j'ai adoré et que j'ai pourtant trouvé trop long. Paradoxal, n'est-ce pas ? Un film que vous aimez, vous êtes censez en demander toujours plus. Là, 2h28, c'est largement trop pour un film qui aurait facilement tenu sur une demi-heure de moins.
Et c'est d'ailleurs le principal de reproche que j'ai pu lire à la fois chez les spectateurs et dans la presse spécialisée et généraliste.
Une autre critique revenait souvent, celle selon laquelle le film serait trop verbeux. Cette critique, par contre, se discute un peu plus.
Pour ma part, le fait que le film soit aussi écrit, contienne autant de dialogues et utilise une voix-off fait partie de son identité et rappelle que le matériau d'origine est un livre de Thomas Pynchon assez épais.
Je trouve au contraire que cela fait son charme et que la plupart des répliques sont très écrites mais font mouche et m'ont fait rire de nombreuses fois. En effet, la répartie de Doc Sportello (incarné par un Joaquin Phoenix plutôt convaincant) rend le personnage irrésistible et fait partie des attraits de Inherent Vice.
S'il faut parler des atouts du film alors il faut évoquer l'ambiance créée (ou recréée) par Paul Thomas Anderson et son équipe : le Los Angeles des années 1970, entre hippies et flics républicains brutaux, entre les débuts d'une amérique white trash et l'eldorado d'une classe sociale très riche.
On n'a pas beaucoup de mal à s'y immerger. PTA n'en fait pas trop dans la retranscription de ces années. D'ailleurs, si vous regardez bien, les décors sont finalement assez minimalistes la plupart du temps mais ils contiennent tout ce qu'il faut pour créer une symbolique qui ne soit pas trop lourde.
Quant aux acteurs, on a droit à un sacré casting (Joaquin Phoenix, Owen Wilson, Josh Brolin, Benicio del Toro ...) dont la performance de certains mérite d'être soulignée, et en premier lieu Josh Brolin dans son rôle de flic solitaire et brutal.
Autre atout important d'Inherent Vice : son humour. Très sarcastique, très écrit et plein de répartie.
L'affrontement de mondes opposés dans lesquels vivent les différents personnages offrent des dialogues souvent jouissifs.
Et puis, ils osent tout de même pas mal tout le long du film et c'est un pari gagnant car cela fonctionne (
La scène des broutteurs de chattes par exemple ou le personnage de la femme de Wolfmann, le promotteur immobilier disparu
).
Enfin, l'histoire elle-même n'est pas déplaisante et est même facile à suivre jusqu'à un final nous laissant un peu (trop ?) dans la brume.
On a envie de connaître la raison de ces disparitions alors on suit avec envie cette enquête qui mène le héros dans des endroits divers à la rencontre de personnages barrés (motards néonazis, prostituées, hippies informateurs, flics à la moralité douteuse ...).
En fait, j'aurais probablement mis la note maximale si le film n'avait pas été aussi long puisqu'il s'étire inutilement et essaie de remplir le vide laissé par des scènes parfois inutiles.
Inherent Vice se classe toutefois en haut du classement des films sortis en 2015 !