Innocence est le premier long métrage de Lucile Hadzihalilovic, une réalisatrice capable d'affirmer un cinéma doué de style et de sensibilité. La bouche de Jean-Pierre, son saisissant moyen métrage tourné durant la même période que les premiers films de son compagnon Gaspar Noé, témoignait d'un refus de s'inscrire dans la norme et dans le consensus moral, et brillait de son unité stylistique et de sa force émotionnelle...
Hélas cette fable narrant le parcours initiatique d'une classe de jeunes filles vivant en parfaite autarcie dans la forêt demeure, malgré sa douceur et sa beauté, d'un profond ennui. Il faut se rendre à l'évidence : Innocence constitue un vague remplissage formel, qui ne tient pratiquement jamais sur la longueur. Malgré un sujet respectable ( ou comment représenter le passage de la puberté féminine par la seule puissance des sons et des images ) Lucile Hadzihalilovic ne réussit pas à capter notre attention, faute à une brochette d'actrices jouant approximativement ou sans implications ( de ce point de vue les deux comédiennes professionnelles que sont Hélène de Fougerolles et Marion Cotillard sont proprement transparentes ).
On pourra au moins saluer l'originalité d'un premier long métrage tendre et d'une jolie liberté, lointain voisin du Suspiria de Dario Argento dans ses codes et ses thématiques... Reste que le visionnage s'apparente rapidement à un véritable pensum cinématographique qui, malgré quelques éclats formels, ne dépasse jamais le stade du film-concept. Ennuyeux et insipide.