Après son étrange film live "Avalon", Mamoru Oshii revient à l'univers de Masamune Shirow qui lui a apporté la reconnaissance internationale, tout en prenant plus que jamais ses distances avec l'oeuvre du mangaka, poussant les réflexions abordées dans le précédent volet jusqu'au point de non-retour, au risque de perdre une bonne partie de l'assistance.
Continuant éternellement de mettre en scène le même film mais par le biais d'une approche chaque fois différente ("Patlabor 1et 2", "Ghost in the shell", "Avalon", "Innocence", même combat), mélangeant une fois encore anticipation et politique-fiction, mêlant une ambiance de film noir à des réflexions métaphysiques, Mamoru Oshii trouve pour la dernière fois l'équilibre parfait entre grand spectacle et film d'auteur (ce que sera incapable de faire un "Sky crawlers" très beau mais très chiant), plongeant le spectateur au coeur d'une oeuvre complexe et exigeante, somnambulique et labyrinthique, aux multiples niveaux de lecture, faisant de cette fausse suite une véritable poupée gigogne cinématographique.
Visuellement somptueux, fusion habile entre animation traditionnelle et effets de synthèse (contrairement à l'horrible version 2.0. de "Ghost..."), évoluant sur un rythme contemplatif et lancinant, "Innocence", s'il pourra paraître abscons pour la grande majorité (dont je fais partie), n'en reste pas moins un beau moment de cinéma comme on en voit trop peu, se concluant sur un morceaux de bravoure diablement efficace.