Innocence est la suite "presque" directe du premier Ghost in the Shell, sachant qu'on retrouve Batou seulement trois ans après le départ du Major Kusanagi à la fin du 1. Batou est cette fois-ci au centre de l'intrigue et se montre un peu plus chaleureux dans cette suite, mais toujours aussi flegmatique. Et comme le montre l'affiche du film, il est accompagné de son chien (c'est lui qui apporte beaucoup d'humanité à Batou) et ensemble ils devront faire face à des poupées robot. Le Major Kusanagi est donc "absente" de cette suite, mais on l'oublie très vite tellement cette suite se révèle être passionnante. Mais sans vouloir spoiler ...
elle est à la fois absente et omniprésente, sachant qu'elle finit par apparaitre "in extremis" lorsque le besoin s'en fait cruellement sentir pour Batou.
Sur le fond comme sur la forme, cette suite a bénéficié d'un très grand soin. Non seulement c'est magnifique, mais aussi et surtout elle repousse encore plus loin les réflexions métaphysiques de son illustre prédécesseur ... au risque de perdre encore plus le spectateur en route. Innocence prolonge donc les réflexions du 1 sous la forme d'un polar métaphysico-technologique teinté de philosophie existentialiste à la Asimov (l'intelligence artificielle, les cyborgs, l'âme des robots et le fantôme dans la machine, les réseaux, l’hyperconnexion et la connexion en permanence des "êtres"). Résultat, l'histoire d'Innocence se perd parfois dans la suranalyse et nous on perd le fil conducteur ... mais alors, qu'est-ce que c'est beau.
Toujours dans les bons points, Innocence prolonge l'aspect poétique et contemplatif très réussi du 1, mais petit bémol, il se prend toujours autant (trop ?) au sérieux et se révèle être encore moins accessible. Mais peu importe, car si l'intrigue est réellement tortueuse et au ton très adulte, l'ambiance ultra soignée et la beauté de l'animation suffisent à nous captiver.
Côté action, les acrobaties du Major sont ici remplacées par des gunfights, d'où des scènes d'action toujours autant spectaculaires, mais plus classique et moins jouissives. Et même si la BO est très réussies, l'absence du magnifique thème principal du 1 se fait cruellement sentir.
Innocence fonctionne moins dans le plaisir immédiat que son illustre prédécesseur, mais il enrichit encore plus son univers et au final il se révèle être une suite très satisfaisante.