Innocence : Ghost in the Shell 2
7.2
Innocence : Ghost in the Shell 2

Long-métrage d'animation de Mamoru Oshii (2004)

Pour commencer c’est pas bien original, mais je suis un Oshii fag, donc je pars conquis d’avance.


Le film date de 2004, je me souviens qu’il avait ete tres bien accueilli a l’epoque. A ce que je vois il est toujours tres populaire.


Donc formellement, ca n’a pas pris une ride, peut etre a part certains effets 3D, mais pour ce qui est de l’animation tradi, c’est l’interet. Non seulement ca ne vieilli pas, mais pire, ca devient presque plus beau avec le temps. Forcement c’est un ravissement de chaque instant, les couleurs, la musique, tout s’entremele, et c’est clairement un orgasme visuel et sonore. La musique a ete mise a jour, pour un theme principale tres proche de celui du premier, mais different et aussi marquant. La real est toujours parfaite, que ce soit scenes d’action, ou plus intimes, et il y a au moins une scene d’action vraiment marquante. Les scenes contemplatives sont toujours la, dont une aussi, extraordinaire. Ce melange tradition/mystique/futur, marche toujours.


Deja rien que pour ca, le film doit etre vu, et dans des conditions optimales, l’experience est marquante.


Le probleme du film est attendu, c’est que c’est la suite de GITS. Or ce film est parfait, donc en faire une suite est vain. Ca permet de prolonger l’experience, mais guere plus. Le film fait cependant l’effort de se detacher du 1, via un element evident qu’on comprends de suite. De plus le ton est different, plus abscons, moins narratif. Mais il n’y a rien vraiment de nouveau qui y est dit. Il y a cette histoire qui disait que Kubrick avait laché AI apres avoir vu GITS, car il disait que tout y a deja ete dit, sur ce sujet. Je ne sais pas si c’est vrai, ca parait contredire la genese de AI meme, et Kubrick avait bien maché le travail avec 2001, pour etre honnete. Mais la reflexion n’est pas fausse, si on reste dans le theme des machines (le sujet de la nature de l’ame est inepuisable et intemporel). Le 2 quelquepart, repete donc un peu le message du 1, on a un sentiment de redite. Ca approfondit surement, complete, mais pas sur que ce soit suffisant.


L’autre soucis, c’est la narration. Les grandes oeuvres sont universelles, accessibles a tous, et populaires avant tout. Tout le monde peut se projeter dans La Joconde, ca n’empeche pas l’oeuvre d’etre infiniment complexe. GITS etait complexe. Mais toujours au service de son histoire, de ses personnages. Il y avait un echange recherché avec le public. Dans le 2, on part dans quelquechose de plus personnel. Je le redis, abscons, voire pretentieux, lourd. Les citations incessantes, en sont un bon exemple, et font sortir du film, car pas naturelles. On ne vient pas suivre un cours de philo, mais suivre une histoire, etre ému. C’est un peu raté, et meme la grande scene finale attendue, tombe un peu a plat, c’est froid, ca manque d’humanité. Alors oui, on va me dire que c’est l’effet recherché justement, que ca sert le propos, et ok, mais moi, ca me parle moins du coup, et c’est contredit je trouve par les quelques lignes de dialogues du .major, dont la seule presence et voix, suffisent a recreer cette personnalite forte, qui brouille toute frontiere homme/machine, qui faisait la force du 1. Meme si j’admets que Batou a aussi ces moments emouvants, comme ceux avec le fameux basset oshiien.


On retrouvait les prémices dans Avalon où Oshii perdait un peu le fil de son recit, au nom de ses obsessions, ses mysteres, ses messages…Et honnetement, une fois glorifiés par la critique mondiale, pas mal d’auteurs tombent dans ce travers. Kitano avec Dolls, et, oserais-je, meme Kurosawa avec Reves, par exemple. Et pourtant j’adore les scenes contemplatives, mais integrees dans un recit, un moment d’emotion. Maintenant attention, je ne me permettrais pas de dire que ce sont de mauvaises oeuvres, on reste dans du haut niveau, je suis amoureux de ces cineastes japonais en particulier en plus, qui sont mes references et ont participé a ma construction. C’est pour ca que je peux d’autant plus voir quand ils perdent leur spontaneite (ou en tout cas, oublient leur public). Mais il faut accepter ses oeuvres comme des voyages directs dans l’esprit de ses createurs, petit ego-trip, quasi sans filtres. Ca n’est donc pas accessible a tous, mais c’est une propostion qui permet, au minimum, d’en savoir encore plus sur ce que nos cineastes favoris ont dans la tete.


Bref, du coup le 1 reste au dessus, ensuite je mettrais la serie tv SAC, chef d’oeuvre, 2 saisons incroyables, beaucoup plus dans le style du 1. Pas vu Arise. Le manga, jamais accroché curieusement, trop bourrin par rapport a Gunnm, par ex? En dernier, la merde US avec ScarJo bien sur. Et SAC2045, meme pas je pose les yeux la dessus.

Karellen
7
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le 29 sept. 2024

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Karellen

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