Je rattrape mon retard en Friedkin.
Comme d'hab on retrouve son style rustre et direct.
Les persos sont posés mais pas vraiment attachants ou particulièrement développés. On est dans l'immédiat, la reaction face a l'histoire qui se déroule, mais ils sont pas là pour etre sympas, faire des clins d'oeil au public. Ce qui n'empeche pas l'empathie, quand bien meme les gars ne sont clairement pas des heros positifs. C'est meme peut etre plus des salauds, mais avec des traits héroïques. Juste des humains en fait…Gros travail sur le bad guy quand meme, joué par Dafoe, putain mais ce gars quel grand malade.
Apres, le film pue la classe, forcement L.A. y est un perso a part entiere, la nuit bleue et electrique, le jour jaune et industriel. Et toute la faune qui la peuple. Sous le vernis, la crasse. A travers l'œil de Friedkin, la ville devient l'anti-chambre de l'enfer, qui corrompt ses sujets. Le générique rouge sang, le feu omniprésent, son mechant-diable, ses héros déchus, l'absence d'éléments positifs, laissent peu de doute.
On retrouve beaucoup d'endroits iconiques, et en fait je realise que toute la course poursuite de Ambulance de saint Michael est quand meme largement pompée dessus…
Je n'ai plus en tete toute la chronologie des polars, et c'est bien perilleux de se lancer dans ce genre d'exercice, mais je trouve le film relativement matriciel de vraiment beaucoup d'oeuvres sorties par la suite. Je veux dire le style est tres moderne, urbain, quasi documentaire, anti-manicheen, anti-happy ending, et ce qui n'empeche pas des beaux plans bien sur. J'ai l'impression que beaucoup de series tv (HBO?) ont repris ca par ex, mais beaucoup plus tard!
Apres c'est le style Friedkin, donc ca casse le classicisme des polars precedents, mais ca ne vient pas que de lui bien sur, Peckinpah par ex a aussi apporté ce style au polar dans certains aspects. Et puis plus généralement c'est lié a la Nouvelle Vague, au néo-réalisme italien, etc. Donc c'est un tout.
Aussi, Friedkin est toujours super fort pour créer une ambiance, souvent sale, faire monter la tension, et gerer la fin de ses films, jusqu'à l'insupportable, et la mandale dans la gueule finale. Et pas d'exception ici, on finit le film un peu décontenancé.
On peut quand meme dire que c'est une sorte d'anti-De Palma, a comparer avec Les incorruptibles, sorti 2 ans apres, qui est tres maniéré, et rends hommage aux classiques. Et les deux sont excellents, juste deux styles totalement différents, sur un pitch très similaire (des flics ne reculent devant rien, face a un criminel intouchable).
Personnellement, je prefere le De Palma, je le trouve plus posé, plus cadré, plus émouvant, bon c'est plus familial tout simplement. Et dans le style "réaliste", je préfère bien entendu Mann, qui réalise a mon sens la fusion parfaite entre le style réaliste et classique. Mais c'est totalement subjectif, faut reconnaitre l'apport de Friedkin et son style singulier.
Et par contre je sais pas ce qui s'est passé avec la filmo de Friedkin mais quasi tous ses films sont une vraie galère à visionner. Je me souviens même pas de la diffusion tv de ce film par ex. Je pense que la plupart ont dû être publié en bluray depuis.