Une Vampire à Pittsburgh
L'échec retentissant de L'Embrouille est dans le sac (remake de Oscar avec Stallone) a quelque peu déprimé le grand John Landis qui décide de retourner vers le genre horrifique et, après le...
le 29 mai 2020
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John Landis, c’est tout un tas de films cultes dans les années 70 et 80. Hamburger Film Sandwich, American College, Les Blues Brothers, Le Loup-Garou de Londres, Un Fauteuil pour Deux, Un Prince à New York. On lui doit même à cette époque le clip le plus mythique de Michael Jackson, Thriller. Et puis dans les années 90, c’est la débandade. L’Embrouille est dans le Sac avec Stallone se vautre au box-office, le film étant assez pénible à voir, son 3ème opus du Flic de Beverly Hills, bien que malgré tout sympathique, est clairement le plus faible de la série, la comédie Les Stupides est tout simplement catastrophique, sa tentative de réitérer le phénomène Blues Brothers avec sa version 2000 ne vaut pas grand-chose, et Susan a un Plan est assez plat. Au milieu de tout ça, il y a un film qui divise les foules : Innocent Blood (1992). Devenu culte pour certains, raté pour les autres, il est vrai que le film a de sacrés problèmes qui font que je me rangerais bien plus dans la deuxième catégorie. Car bien que certaines scènes sortent du lot, le visionnage aura été assez pénible…
Four au box-office, rapportant péniblement 5M$ pour un budget avoisinant les 20, Innocent Blood ne sait jamais sur quel pied danser. Tantôt film de vampires, tantôt film de gangsters, tantôt buddy movie, il est à la fois les trois et aucun tant John Landis ne semble jamais décidé de la direction que doit prendre son film. Pourtant, à en croire les dires, ce dernier, séduit par le script que Warner lui a confié, a eu une entière liberté créatrice et s’est mis en tête de faire un film de la Hammer qui aurait croisé la route de Martin Scorsese. Autant vous dire que bien qu’alléchante sur le papier, la formule ne marche clairement pas ici. Les films de vampires avaient pourtant le vent en poupe à l’époque, en témoignent Dracula (1992), Entretien avec un Vampire (1994), ou encore Une Nuit en Enfer (1996). Même chose avec les buddy movies (Le 3ème Arme Fatale venait juste de sortir) et les films de gangsters (Les Incorruptibles, Le Parrain 3, Il était une fois le Bronx, …). Mais John Landis nous pond un gloubi-boulga qui ne fonctionne qu’à de très rares moments. Premier gros problème, le casting. Les seconds rôles s’en sortent très bien. On a un festival de gueules de mafieux qu’on a l’habitude de voir dans les films du genre, bien qu’on regrette que certains, comme Chazz Palminteri (Il Etait une Fois le Bronx, Usual Suspects), n’aient pas assez de présence à l’écran. Ils font le job et le grand méchant, interprété par Robert Loggia (Lost Highway, Scarface), est fun à souhait avec son jeu à la limite du cabotinage. Non, le gros problème vient du duo d’acteurs principaux. Anne Parillaud, après le succès de Nikita outre Atlantique, s’est vue proposer ici son premier rôle dans une production hollywoodienne. Sauf que son jeu est tout bonnement à l’ouest, pour ne pas dire mauvais. On a l’impression qu’elle ne croit à aucune scène qu’elle joue, à aucune ligne de dialogue qu’elle balance sans entrain. Et on a l’impression que Landis s’en est rendu compte puisqu’il ne manque pas une occasion pour la faire se mettre à poil et c’est clairement là où elle excelle le plus ici tant le côté sexy vampire est appuyé. Et puis il y a Anthony LaPaglia, connu aujourd’hui pour son rôle de Jack Malone dans la série FBI – Portés Disparus, et qui à l’époque commençait à peine à avoir des rôles de premier plan. Il est ici complètement transparent dans le rôle du flic infiltré dans la mafia italienne et son duo avec Parillaud ne fonctionne pas du tout tant on ne croit pas à leur histoire.
Là où Innocent Blood a également le cul entre deux chaises, c’est qu’il semble avoir du mal à choisir entre film sérieux et film parodique. Avec les divers extraits de films de vampires (avec Bela Lugosi ou Christopher Lee) qu’on peut voir dans des télévisions en fond, on comprend vite qu’Innocent Blood est un pastiche du genre, jouant parfois la carte du second degré ou de la dérision. Sauf que le reste du temps, il se fait bien trop sérieux. Non pas que le mélange sérieux / déconne ne puisse pas marcher, John Landis a déjà prouvé que c’était possible ne serait-ce qu’avec son Loup Garou de Londres. C’est juste qu’ici cela ne fonctionne pas. Il y a plein d’idées intéressantes qui auraient pu donner un bon film, mais elles ne sont pas exploitées, comme si le scénario avait manqué de réécriture et que tout le monde avait travaillé à partir d’un premier jet. Pourtant, avec ses 1h52 au compteur, il y aurait eu moyen de réduire certaines scènes qui s’éternisent pour en approfondir d’autres, bien plus intéressantes. Par exemple toute l’introduction, sur la façon de chasser du personnage d’Anne Parillaud, aurait mérité un peu plus de substance. Même topo pour l’idée de transformer des mafieux en vampires mais au final rien n’est fait car cela n’arrive que dans les 20 dernières minutes. En l’état, tout ce qui concerne la mafia frôle parfois le ridicule. Dommage car, bien que pas mémorables n’ont plus, les scènes de mort sont sans doute un des points forts d’Innocent Blood, avec des effets pratiques de bien belle tenue et une quantité non négligeable de sang versé. Il est également nécessaire de préciser que, malgré une photographie plutôt travaillée et proposant de très beaux plans, la mise en scène de John Landis est un peu fainéante. Pour quelqu’un qui, selon ses dires donc, a eu les mains libres pour faire ce qu’il voulait, ça manque vraiment de folie et on a cette sensation de strict minimum qui a été effectué. Alors oui, comme souvent chez Landis, on s’amusera à détecter les nombreux cameos de visages familiers et de réalisateurs, comme Dario Argento, Sam Raimi, Tom Savini, Frank Oz ou encore Linnea Quigley uniquement là pour rappeler qu’elle est une scream queen, mais c’est loin d’être suffisant et Innocent Blood peine à nous passionner, à nous amuser. On sort du film avec cette impression de gâchis car avec Landis aux commandes, on était en droit d’attendre une comédie horrifique bien plus percutante, bien plus réussie.
Difficile de ne pas être déçu au sortir d’Innocent Blood. Le film de John Landis est plein de bonnes idées, mais il ne les exploite jamais. Pire encore, le duo central Parillaud/LaPlaglia ne fonctionne à aucun moment. Quel gâchis !
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-innocent-blood-de-john-landis-1992/
Créée
le 23 nov. 2023
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