Inside Job : récit d’une débauche financière
Ce film documentaire réalisé par Charles Ferguson est sorti en novembre 2010. Il explore les origines ainsi que les retombées de la crise financière de 2008 et pointe du doigts les principaux responsables de ce marasme économique qui a littéralement ébranlé l’économie mondiale.
Avec l’exemple de la faillite des banques islandaises dans les années 2000, le réalisateur nous plonge, d’emblée, dans l’univers très controversé de la finance. On prends alors conscience que la crise islandaise était un premier avertissement présageant une catastrophe d’une plus grande ampleur : la crise des subprimes de 2008. S’ensuit alors une description des tenants et des aboutissants de la crise, agrémenté par une recherche journalistique minutieuse crédibilisant le message véhiculé par le réalisateur.
L’intérêt de ce documentaire réside dans la volonté de Charles Ferguson de mettre les choses à plat, sans retenu ou quelconques appréhensions, amenuisant au passage les espoirs que l’on pouvait fonder dans le « yes, we can » du président Obama et son désir de réformer le système financier. Tout le monde y passe : lobbyistes, universitaires, dirigeants économiques et politiques, banquiers, pdg, … Les détracteurs de ce film y trouvent d’ailleurs leur meilleur argument : un film populiste et démagogue mettant sur le banc des accusés les dirigeants économiques et politiques. Il s’agit, en effet, d’un vaste réquisitoire mais il est appuyé de preuves manuscrites percutantes, de nombreux témoignages de spécialistes ainsi que d’interviews montrant certains acteurs liés à la crise bégayant, bafouant, s’énervant devant les questions justes et incisives qui leurs sont posés. Les faits sont indéniables, renforçant ainsi le discours du narrateur et, par la même occasion notre sentiment de révolte.
Autre atout de l’œuvre : son rythme. Si le réalisateur s’attarde à de rares instants sur des chiffres peu significatifs ou un jargon économique difficilement compréhensible, il n’en demeure pas mois un documentaire diablement captivant. Un brin satirique, et ce n’est pas pour nous déplaire quand on voit l’hypocrisie et la fourberie débordante de certains dirigeant économiques, – Henry Paulson en tête de liste – Charles Ferguson a pris le soin de confronter les propos de certains dirigeants avant et après le déclenchement de la crise et mettre en avant la souveraineté des lobbies financiers. Et c’est d’ailleurs là ou le bât, blesse.
Une bande son distrayante, de belles prises de vues et un DSK encore rayonnant s’ajoutent aux nombreux atouts de cette œuvre.
A la fois effrayant et fascinant, Inside Job s’adresse à un public n’ayant pas forcément toutes les connaissances économiques pour comprendre les subtilités de la finance, mais qui s’intéresse au fonctionnement du monde dans lequel nous vivons.