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L’histoire de la crise des subprimes, on la connaît déjà. Elle a été exploitée au même titre que tout événement historique majeur récent dans le septième art, que ce soit dans l’immersion glaciale de Margin Call ou par une vulgarisation potache mais néanmoins efficace comme The Big Short. Mais Inside Job, documentaire aux apparats hollywoodiens réalisé alors que le nuage de cendres n’avait pas encore commencé à se dissiper, vient créer une toile aussi passionnante qu’elle est débectante.
On part dans une introduction à l’échelle micro, concentrée sur le cas de l’Islande, de la désagrégation de son économie solide par un capitalisme dérégulé, un libéralisme excessif.
Transition : “But it’s the same thing in New-York”
Générique, musique emballante, plans aériens de la Big Apple en pleine ébullition, retour à la fin des 70s, puis à Reagan, et remontée du fil jusqu’à 2010. Si les explications narrées posément par Matt Damon demandent dans un premier temps de s’accrocher pour saisir les détails mécaniques, on comprend très rapidement les principes sous-jacents, aussi simples qu’ils sont stupides. On expose les différents foyers d’infection qui mènent à la gangrène générale : conflits d’intérêt, corruption, connerie, gros sous, et pourriture présente dès les bancs de l’université. Et le pot aux roses, évidemment payée par la masse de laissés pour compte.
Tout le système est à jeter, irrécupérable qu’il est, et alors que défile la brochette de connards qui servent de rouages à cette sinistre mécanique, on a pour maigre consolation d’en voir certains perdre leurs moyens devant la caméra, interrogés d’une manière qu’ils n’attendaient pas par Charles Ferguson.
On savait déjà ce qui nous exposé, que c’est une poignée de mafieux qui se gavent, que c’est une pourriture systémique renforcée par les lobbys, que la société actuelle avait déjà commencé à reproduire les mêmes schémas dès 2010 sans apprendre aucune leçon de la catastrophe qui venait d’avoir lieu… Mais Inside Job est néanmoins pertinent, instructif, et suffisamment désespérant pour que je vocifère des insultes à mon écran télé, alors que les fautifs blaguent face au juge sans jamais être inquiétés, que les instances de régulation embauchent ces sacs à merde pour les remercier, et que les gangs financiers se voient renfloués par l’argent public.
Dans la catégorie Abitbol avait raison, ça se place là.
J’ai rangé le bluray à côté de Midsommar, dans la catégorie horreur sidérante.